C'est que la douleur n'a pas de frontières, elle n'a pas de nationalité. Elle est apatride et aveugle. Une année après les attentats sanglants à Madrid, le royaume ibérique se souvient avec émotion. Désormais, le 11 mars serait un jour de deuil national, à la mémoire des victimes des attentats terroristes. Le 11 mars 2003, quatre trains de banlieue se dirigeant vers la gare madrilène d'Atocha explosent. Le bilan a été lourd : 191 personnes ont été tuées et plus de 1900 autres blessées. Les attentats ont été alors revendiqués par Al Qaîda. L'Espagne marque une halte historique et tire les leçons du drame. Hier, Madrid a rassemblé, selon les organisateurs, 23 chefs d'Etat et de gouvernement, des dignitaires religieux et plus de 200 experts de 52 pays pour une conférence de trois jours sur le terrorisme. Le sommet vise à dégager un «consensus» sur les «moyens de lutter efficacement contre le terrorisme, en préservant les libertés et droits fondamentaux des citoyens». Un débat exigé par les organisations internationales de défense des droits de l'homme, depuis les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, quand les arrestations et les accusations tous azimuts pleuvaient particulièrement sur la communauté musulmane dans le monde. Le sommet de Madrid portera d'ailleurs, sur quatre thèmes: les causes du terrorisme, comment combattre le terrorisme, les réponses démocratiques au terrorisme, le rôle de la société civile. Un plan d'action, appelé «Agenda de Madrid», devant être élaboré sur la base des conclusions qui seront tirées des débats, sera rendu public le 11 mars, date anniversaire des attentats perpétrés en 2004 dans la capitale espagnole. Les présidents, Abdelaziz Bouteflika, afghan Hamid Karzaï, pakistanais Pervez Musharraf et portugais Jorge Sampaio, ainsi que plusieurs chefs de gouvernement européens se sont rendus dans la capitale espagnole. M.Bouteflika a été invité à cette rencontre lors de sa dernière visite en Espagne, fin février, à l'occasion de la 2e réunion de haut niveau algéro-espagnole. Pour l'Union européenne, le président en exercice, Jean-Claude Juncker, Premier ministre luxembourgeois, a fait le déplacement, ainsi que Javier Solana, haut représentant pour la politique étrangère de l'UE. Le président américain George W.Bush, résolument engagé dans «une guerre contre le terrorisme», a envoyé son nouveau ministre de la Justice (attorney general), Alberto Gonzales. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, et le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, ont été présents à cet événement organisé par le Club de Madrid, qui rassemble 44 ex-chefs d'Etat et de gouvernement.