Les deux leaders de la droite française, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, à la course au ticket présidentiel: «Je t'aime, moi non plus!» Les candidats à la primaire de la droite française, étape-clé dans la course présidentielle, participeront demain soir à leur premier débat télévisé que l'ancien Premier ministre Alain Juppé aborde en favori face à Nicolas Sarkozy. Les sept prétendants, six hommes et une femme, s'affronteront à partir de 21h00 (19h00 GMT) sur le plateau de la chaîne privée TF1, selon des règles négociées d'arrache-pied par leurs entourages ces dernières semaines. Ordre d'intervention, position sur le plateau, mode d'introduction: tout a été calé au millimètre pour assurer l'équité de ce débat, où chaque participant aura exactement le même temps de parole quel que soit son poids politique. Les préparatifs ont été suivis avec d'autant plus de vigilance que le vainqueur de la primaire de la droite, prévue les 20 et 27 novembre, a de fortes chances d'entrer à l'Elysée au printemps prochain. Compte tenu du marasme à gauche, les sondages prédisent en effet un second tour de la présidentielle entre le champion de la droite et la candidate de l'extrême droite, Marine Le Pen, puis la défaite de cette dernière au second tour. Jusqu'ici, le maire de Bordeaux (sud-ouest), Alain Juppé, 71 ans, fait la course en tête grâce à une campagne pondérée et à son image de rassembleur, apprécié de la droite modérée, du centre et même d'une partie de la gauche. Sur une ligne à droite toute, Nicolas Sarkozy, 61 ans, qui se dit le candidat «du peuple» contre «les élites», accuse un retard de 8 à 14 points au premier tour de la primaire et d'une vingtaine de points au second, selon les sondages. Loin derrière, l'ancien ministre de l'Agriculture Bruno Le Maire et l'ex-Premier ministre François Fillon recueillent environ 11% d'intentions de vote chacun et la députée Nathalie Kosciusko-Morizet (dite NKM) 4%. Ce sont ces «petits» candidats qui ont le plus à gagner lors du débat de demain, estime Gaël Sliman, président de l'institut de sondages Odoxa, en s'appuyant sur l'exemple de la primaire de la gauche en 2007. A l'époque, sans bouleverser la donne finale, les débats télévisés avaient fait remarquer deux outsiders, Manuel Valls et Arnaud Montebourg, devenus ministres par la suite. Cette fois, ce sont les deux quadragénaires «Bruno Le Maire et NKM qui peuvent gagner en crédibilité, en épaisseur», juge Gaël Sliman. Quant à François Fillon, dont le discours «peine à imprimer» malgré sa stature, il pourra, selon le politologue, faire entendre sa petite musique libérale. En revanche, «les deux favoris n'ont que des coups à prendre», met-il en garde. Pour lui, Nicolas Sarkozy, dont le discours droitier hérisse une partie de son camp, risque à la fois «d'avoir tous les autres candidats contre lui» et «d'en faire trop pour rattraper son retard». Quant à Alain Juppé, qui souffre d'une image d'homme orgueilleux, «il ne doit pas donner le sentiment d'avoir déjà gagné, il doit se placer au-dessus de la mêlée, sans verser dans l'arrogance», juge le spécialiste de l'opinion publique, qui ne s'attend toutefois pas à des bouleversements majeurs à l'issue des échanges. Il faut dire que les règles du débat risquent de corseter les échanges: chaque candidat aura une minute pour se présenter, une minute pour répondre à chaque question et 30 secondes pour répliquer aux interpellations. Trois journalistes joueront les modérateurs. «Les confrontations entre Républicains et Démocrates outre-Atlantique ces derniers mois sont dans tous les esprits même si la forme choisie par TF1 devrait limiter les outrances, les emphases et les dérives américaines», soulignait lundi l'éditorialiste du quotidien régional La Nouvelle République du Centre. Deux autres débats à sept sont prévus les 3 et 17 novembre et un dernier, entre les finalistes, le 24.