Retraite anticipée: si vieillesse... savait Plus de 52% du nombre total de pensions de retraites directes sont versés aux retraités avant l'âge de 60 ans, selon un document du ministère du Travail. Le gouvernement craint sérieusement la réaction du front social. En prévision de l'examen du projet de loi modifiant l'âge du départ à la retraite prochainement, le gouvernement tente d'apaiser la tension dans le monde des travailleurs qui promet une démonstration de force. Devant les nombreux syndicats qui jurent de mener la guerre pour annuler ce projet, le ministère du Travail en collaboration avec la Centrale syndicale mène toute une campagne de sensibilisation pour défendre sa démarche. C'est dans ce but qu'une journée d'information a été consacrée jeudi dernier à ce projet pour apporter quelques clarifications à l'opinion publique. Lors de son intervention, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale Mohamed El Ghazi a affirmé que les dispositions du projet de loi relative à la retraite étaient de nature à conforter les droits des citoyens et garantir les équilibres financiers de la Caisse nationale des retraites (CNR). Le ministre qui présidait avec le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) Abdelmadjid Sidi Said la cérémonie d'ouverture de la rencontre, a rappelé que le projet de loi modifiant et complétant la loi 38-12 du 2 juillet 1983 relative à la retraite portait sur l'abrogation des dispositions de retraite sans condition d'âge instituée. Etalant ses arguments, le ministre a soutenu que ce projet dicté par les «difficultés financières vise à éviter toute crise que la caisse pourrait rencontrer à l'avenir». Dans un document présenté lors de cette journée, le ministère a fait savoir que plus de 52% du nombre total de pensions de retraites directes sont servis aux retraités avant l'âge de 60 ans, avec une charge financière annuelle de plus de 405 milliards de dinars. Ce qui démontre sérieusement que la Caisse nationale des retraités (CNR) qui est déjà en situation déficitaire risque de voir ses ressources diminuées davantage avec le maintien de la retraite anticipée. «Le bilan cumulé de l'application du dispositif 97-13, de 1997 à 2016, montre que près de 890.000 retraités sont des bénéficiaires de retraite avant 60 ans, soit 52% du nombre total de pensions de retraite directes servis par le Système national de retraite, avec une charge financière annuelle de plus de 405 milliards de DA», indique le document. Depuis son entrée en vigueur en 1997, ce dispositif a entraîné des départs en vague à la retraite à partir de 50 ans, ce qui a causé à la Caisse nationale des retraites (CNR) «un manque à gagner pour les recettes de cotisations et surtout une augmentation significative de la dépense de retraite». La CNR sert actuellement plus de 3 millions de pensions et allocations de retraite pour une dépense globale annuelle de plus de 870 milliards de DA. L'autre vérité est que le document révèle que le ratio du nombre de travailleurs cotisants pour un retraité est actuellement à 2,1, alors que la norme pour garantir la viabilité d'un système de retraite est d'au moins cinq actifs cotisants pour un retraité. Ce qui a nécessité justement une révision de la réglementation en vigueur. Selon le ministre du Travail, le projet amendant la loi sur la retraite sera présenté au gouvernement dans les semaines à venir, tout en assurant qu'il vise à sauvegarder le système national de retraite dans le cadre de l'égalité et de la justice sociales. Concernant la liste des métiers pénibles qui met sous tension tous les secteurs, Mohamed El-Ghazi a rappelé qu'une commission comptant des experts de différents domaines, dont des médecins, a été mise en place pour faire les propositions concernant ces métiers qui seront examinées ultérieurement. Le secrétaire général de l'Ugta a proposé l'installation d'une commission de travail nationale après l'adoption du projet de loi par le Parlement, composée des parties concernées pour examiner les sources de financement de la CNR de manière à garantir sa pérennité. Selon M.Sidi Saïd, la Centrale syndicale a enregistré 657.000 demandes de travailleurs ayant exprimé le souhait de poursuivre le travail après l'âge minimum de la retraite défini à 60 ans. Le projet de loi qui entrera en vigueur début 2017 prévoit essentiellement cinq mesures phares. Il porte sur le maintien de l'âge minimum de la retraite à 60 ans et le maintien de la possibilité de départ à la retraite de la femme travailleuse à sa demande dès 55 ans. Le projet de loi permet aux travailleurs de poursuivre volontairement leur activité au-delà de l'âge minimum de 60 ans, dans la limite de cinq années. Il prévoit également des règles spécifiques pour les travailleurs exerçant des métiers très pénibles. Ce projet de loi compte en outre des règles spécifiques concernant les travailleurs exerçant des professions hautement qualifiées ou des métiers déficitaires qui pourront bénéficier, à leur demande, d'un recul de l'âge de leur retraite avec, en contrepartie, des avantages spécifiques liés aux modalités de liquidation de leur pension.