Il a estimé que les défis exigent des réponses d'une tout autre ampleur et d'une tout autre qualité. Dans une réponse au directeur de cabinet du président de la République, Ahmed Ouyahia, dans le cadre des consultations au sujet de la présidence de l'Instance de surveillance des élections, Benflis a estimé que le débat sur cette question relève d'une diversion. «L'impasse dans laquelle se trouve notre pays est politique et son traitement ne saurait être que politique» a écrit M. Benflis soulignant que «le traitement devra se faire dans l'ordre, l'apaisement et le rassemblement». Il insiste sur le fait que «détourner les regards de cette nécessité impérative et vouloir à tout prix feindre d'organiser des élections normales, dans un pays présenté comme se trouvant dans une situation normale, c'est commettre un déni des réalités». Pour Ali Benflis, «les défis décisifs pour l'avenir que nous nous devons de relever sont d'une tout autre envergure et ils exigent donc des réponses d'une tout autre ampleur et d'une tout autre qualité». En effet, analyse-t-il, «rapportées à cette exigence essentielle, les prochaines échéances électorales pourront au mieux ménager un statu quo dommageable pour le pays si tant est qu'elles ne donnent pas une autre dimension à l'impasse politique et institutionnelle actuelle». Posant par la suite un regard froid sur la nouvelle loi électorale et l'Instance indépendante de surveillance des élections que le gouvernement considère comme autant d'acquis visant la consolidation de l'ordre démocratique naissant en Algérie, le président de Talaiou El Houriat a indiqué qu' «il est vain d'y chercher et hors de propos d'y trouver quelques signes que ce soit d'une rupture avec les pratiques du passé dans lesquelles s'incarnait et s'incarne toujours la négation de l'Etat de droit et le manquement aux normes démocratiques universellement admises». Et d'expliquer: «Ces deux lois organiques n'ont pas allégé l'emprise de l'appareil politico- administratif sur les processus électoraux.» Pour conclure son réquisitoire contre le système qu'il qualifie de «dysfonctionnel» et condamnant fermement son entêtement à ne pas engager les réformes politiques qui s'imposent, Ali Benflis a rappelé l'acuité de la crise et les dangers qu'elle implique en appelant à une prise en charge urgente du présent et de l'avenir. Aussi, estime-t-il que la nation risque de payer le statu quo auquel s'accrochent les décideurs du pays. Pour rappel, conformément à la loi organique régissant l'Instance indépendante de surveillance des élections, le chef de l'Etat a proposé un président pour cette instance en la personne de Abdelwahab Derbal, un ex-cadre d'Ennahdha qui a par la suite été promu conseiller du président et diplomate de premier rang suite à son repositionnement en faveur du gouvernement à partir de 1999. Conformément à cette même loi, les partis politiques doivent être consultés. Les partis d'opposition dont l'avis a été sollicité également par la presse, ont eu à exprimer leur indifférence en indiquant que «l'enjeu est dans la nature de l'instance». Benflis, lui, vient de joindre ainsi sa voix à celles de l'opposition pour marquer son rejet de la démarche du pouvoir quant au mode d'organisation et de surveillance des processus électoraux.