Pour le chef de l'Etat «l'Algérie entend tourner la page de l'épreuve subie». «Dès que les conditions seront réunies, je consulterai, par voie référendaire, le peuple algérien sur une loi d'amnistie générale destinée à clore définitivement un chapitre douloureux de notre histoire.» a indiqué, jeudi Abdelaziz Bouteflika, à Madrid, à l'occasion du sommet sur la démocratie, le terrorisme et la sécurité. Le Président Bouteflika a précisé que «l'Algérie entend, aujourd'hui, tourner la page de l'épreuve subie et poser son regard sur l'avenir». Il a rappelé dans ce contexte que le pays avait engagé une «vaste entreprise de renouveau national fondée sur l'approfondissement de la démocratie, le renforcement de l'Etat de droit, la relance du développement économique et social et la promotion de la réconciliation nationale». Le chef de l'Etat rappellera que l'Algérie s'est engagée depuis quelques années dans un processus de réformes politiques, économiques et sociales. Une démarche, enclenchée par la mise en oeuvre de la politique de concorde civile, qualifiée de «phase décisive dans le processus de réconciliation nationale». S'exprimant devant près de 60 chefs et ex-chefs d'Etat et de gouvernement, le secrétaire général des Nations unies et des personnalités de stature internationale, le chef de l'Etat a estimé que la stratégie mondiale de lutte antiterroriste ne doit pas se limiter à son aspect purement militaire, mais surtout traiter les causes économiques et sociales, à l'origine de ce phénomène transnational. «Une vision purement militaire de la sécurité conduit à une exacerbation des contradictions et compromettrait inéluctablement les fondements à long terme d'une sécurité globale qui ne peut, en définitive, reposer que sur l'entente des peuples». Dès lors, la lutte mondiale contre le terrorisme ne saurait faire appel aux seuls moyens militaires et répressifs. Pour le président de la République démocratie et stabilité sont deux facteurs interdépendants. D'autant plus que «la cohésion sociale, la solidarité et la bonne gouvernance auxquelles nous travaillons, sont autant de conditions pour l'épanouissement durable de la démocratie», fera remarquer le chef de l'Etat. D'après ce dernier, la promotion de la culture de tolérance et du dialogue entre les religions, la réforme du conseil de sécurité de l'ONU, à même d'asseoir une équité dans la prise de décisions et surtout l'instauration d'un dialogue multilatéral, sont les conditions sine qua non pour rendre plus efficace la lutte antiterroriste. L'expérience algérienne en matière de lutte antiterroriste a été amplement abordée par M.Bouteflika qui appelle à la nécessité d'allier action militaire et promotion de l'exercice démocratique et des droits de l'homme. Parce qu'il sera de plus en plus difficile de séparer les besoins de sécurité des besoins de développement, le système de sécurité collective. Cependant a tenu à préciser le chef de l'Etat, «il n'y a guère de modèle universel à suivre, mais des pratiques démocratiques à élaborer par chaque pays à partir de ses propres conditions» Par ailleurs, tout en appelant à distinguer terrorisme et résistance des peuples pour le recouvrement de leur indépendance, le chef de l'Etat considère que «le règlement des conflits régionaux, en particulier celui du Moyen-Orient, permettra de donner corps à nos convergences fondées sur le refus absolu d'accepter une quelconque justification au terrorisme.» En définitive, il s'agit d'oeuvrer à l'émergence d'un modèle de sécurité coopérative traduisant un accord sur un minimum de comportements communs des Etats. C'est du moins le «souhait» du chef de l'Etat qui a axé son intervention sur le principe du respect de la légalité internationale et de la volonté des Etats dans toute action de lutte antiterroriste.