La générale de la pièce de théâtre «Jules César» de William Shakespeare, une tragédie classique qui dénonce sans réserve la théorie du complot, a été présentée dimanche soir à Alger en tamazight. Les spectateurs, peu nombreux de la salle Mustapha-Kateb du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (Tna), ont pu apprécier, 75 mn durant, une oeuvre universelle, de Wiliam Shakespeare (1564-1616), revue dans une conception néo-classique et expérimentale par Okbaoui Cheikh. Programmée à l'occasion du 400e anniversaire de la disparition du grand dramaturge anglais, la pièce dénonce ouvertement la théorie du complot à travers l'histoire d'une conspiration de sénateurs fomentée par «Brutus», interprété par Hamza Mechmeche et «Cassius», joué par Mahdi Alleg, contre Jules César, rendu par Hamza Boukir, qui sera assassiné. Malek Fellag dans le rôle d'«Antoine», homme de confiance de l'empereur poignardé, fait d'abord croire qu'il a rallié le groupe des comploteurs, avant de les démasquer, divulguant leur funeste conjuration au peuple de Rome au moment de prononcer l'oraison funèbre.Le jeu des comédiens qui se produisaient par moments au milieu du public et parmi lesquels également Sofiane Mihoubi (Octave), Amirouche Saidoune (Casca) et Bacha Yacine (Matellus), a été marqué par des chorégraphies signées Abdessamed Sedouki, suggérant le protocole de la cour impériale ou des scènes d'affrontement. Les dialogues au rythme soutenu, ont été efficacement traduits par Hamza Boukir qui explique que l'oeuvre de William Shakespeare «explore les sentiments humains» et que par cette réécriture, il entendait mettre en valeur, à l'instar d'autres spectacles classiques montés en tamazight par d'autres troupes, «l'aspect universel de cette langue désormais officielle». La scénographie, proposant un échiquier tracé sur la scène et reproduit sur un petit écran bordé de part et d'autre par des pantalons qui ont suggéré les piliers en marbre d'un royaume, répondait à l'intrigue basée sur le rapport de force entre l'empereur et ses serviteurs malveillants. L'éclairage feutré inspirant la manigance et le complot, ainsi que la musique solennelle faisant retentir le son imposant des cuivres propres à l'ambiance des royaumes, ont également bien servi la trame où les travers de l'être humain furent explorés. Okbaoui Cheikh, dont les travaux ont plusieurs fois été primés, signe sa cinquième mise en scène après «El hob el mamnoue» (l'amour interdit-2008), «Le mur» (2013), «Azzouzen» (2015) et «Halet hob» (2016). Produit par l'Association «Thagharma» (la forteresse) d'Akbou (Béjaïa), fondée en 2013 et qui a déjà monté les spectacles «Sinistre» (2013)», Assif En'tisselvi» (oued el djounoun-2014) et «Le huitième jour de la semaine» (2015), la pièce de théâtre «Jules César», a été programmée au TNA pour une représentation unique.