Alors que l'Académie américaine avait accepté plus de 85 films à la 89ème cérémonie des Oscars qui aura lieu à Los Angeles le 26 février 2017, la Tunisie a été disqualifiée et son film «A peine j'ouvre les yeux», de la réalisatrice tunisienne Leïla Bouzid a été écarté de la course au meilleur film, étranger. Une nouvelle qui a choqué les professionnels du cinéma en Tunisie alors que la question des raisons de l'exclusion du film de la fille de Nouri Bouzid se pose avec insistance. Et pourtant, pour la première fois, plus de huit pays arabes ont décroché leur ticket dans cette compétition: l'Algérie, l'Egypte, l'Irak, le Liban, le Maroc, l'Arabie saoudite, La Palestine et le Yémen. C'est un record pour le cinéma arabe. Même le Yémen, qui n'a pas de tradition de cinéma sera présent pour la première fois à ce grand rendez-vous cinématographique, avec «I Am Nojoom, Age 10 and Divorced» de Khadija Al-Salami, qui raconte l'histoire émouvante d'une jeune Yéménite de 10 ans, qui a été mariée de force et qui a demandé le divorce. Qui a bloqué le film tunisien aux Oscars? Le film tunisien «A peine j'ouvre les yeux», a une carrière exemplaire et a été pourtant sélectionné par une pléiade de professionnels tunisiens pour représenter la Tunisie aux Oscars. La commission organisée sous l'égide du Centre national du cinéma et de l'image tunisien (Cnci) est composée de sept personnalités du cinéma tunisien: Fathi Kharrat, directeur général du Cnci, le directeur des JCC Ibrahim Ltaief, le producteur et réalisateur Naceur Khemir, la productrice Dorra Bouchoucha, les réalisateurs Ferid Boughedir, Farès Naânaâ et Mohamed Ben Attia. Et pourtant, le film a été un succès dans les festivals prestigieux, il a remporté notamment le Muhr d'or du Meilleur film au Dubaï International Film Festival, le Prix de la Meilleure première oeuvre de fiction au Festival du film francophone de Namur, le Grand Prix du jury au Festival du film de Stuttgart et le Prix du public et le Label Europa cinéma du Meilleur Film européen lors de la Mostra de Venise la même année et a remporté chez lui en Tunisie le Tanit de bronze lors des JCC 2015. Certains spécialistes expliquent cette exclusion par le cafouillage qui a été commis dans le choix du film qui représentera la Tunisie. La Tunisie a d'abord soumis le film «Fleur d'Alep» de Ridha Behi. Cette soumission a été ensuite annulée et remplacée par «à peine j'ouvre les yeux» de Leïla Bouzid. Au final, aucun des deux films n'a été inclus dans la liste, les deux films ayant été disqualifiés. «Fleur d'Alep» n'avait pas été projeté au public, ce qui le disqualifierait automatiquement. Cette affaire risque d'avoir des conséquences sur les responsables du cinéma tunisien. Pour le moment, aucune sanction n'est tombée mais cela ne saurait tarder, surtout que le film de Leïla Bouzid est mieux que certains films arabes sélectionnés pour les Oscars. Une mise à l'écart qui a déçu l'équipe algérienne du film «le Puits» de Lotfi Bouchouchi qui espérait que le film tunisien soit retenu. [email protected]