La couverture médiatique occidentale des conflits en Irak et en Syrie est dominée par la «propagande» et le «parti pris» qui tend à nous livrer un message mensonger, a affirmé hier l'analyste britannique, Patrick Cockburn. Dans le quotidien britannique, The Independent, l'analyste relève qu'une simple comparaison de la couverture médiatique de l'intervention militaire étrangère de la coalition occidentale à Mossoul en Irak et celle de la Russie à l'Est d'Alep en Syrie, «révèle beaucoup de choses sur la propagande que nous consommons». Il explique que malgré que les deux villes «sont assiégées par les forces pro-gouvernementales fortement soutenues par une puissance aérienne étrangère», la couverture des médias est «très différente». «Pendant que le bombardement de l'Est d'Alep a provoqué la révulsion et la condamnation dans le monde entier, les médias internationaux traitent différemment une situation similaire à Mossoul, à 300 miles (482 km) à l'est d'Alep», a relevé le journaliste et écrivain, Patrick Cockburn, spécialiste du Moyen-Orient. Il ajoute qu'à Mossoul et à l'Est d'Alep, vivent des civils, et des «insurgés», et les gouvernements irakiens et syriens sont appuyés par des forces étrangères pour combattre des «insurgés», pourtant, les médias appellent terroristes à Mossoul, ceux qu'ils occultent à Alep Est. «Dans le cas de Mossoul, contrairement à Alep, les insurgés sont traités de terroristes par l'Occident, et sont accusés de mettre en danger les civils en les utilisant comme boucliers humains et en les empêchant de quitter la ville», est-il noté. A l'est d'Alep, a souligné l'auteur, les médias occidentaux ne parlent pas du tout de la présence de terroristes, mais se concentrent sur l'intervention russe qui est accusée de «crimes de guerre et de sauvagerie». «L'intervention à Alep des frappes aériennes russes est comparée à celle de Grozny en Tchétchénie il y a seize ans, mais, curieusement, aucune analogie n'est faite pour Ramadi, une ville de 350.000 sur l'Euphrate en Irak, qui était à 80 pour cent détruite par les frappes aériennes de la coalition menée par les Etats-Unis en 2015», ajoute-t-il. Il dit que les exemples du parti pris des médias occidentaux sont plus nombreux, citant encore les civils qui sont présentés comme étant «pris au piège et terrifiés» dans l'est d'Alep, alors que rien n'est dit sur «la peur, les ruines et la violence» qu'avaient vécu les civils de Ramadi en Irak. Il rappelle qu'en 2003, le même parti pris des médias étrangers et des «propagandistes» de l'opposition irakienne à Saddam Hussein, avaient «persuadé les gouvernements étrangers et même les armées américaine et britannique que l'invasion de l'Irak serait accueillie avec joie par le peuple irakien, alors qu'un an plus tard, les envahisseurs se battaient pour leur vie». «Trompés par les propagandistes de l'opposition et leur propre voeux pieux, fonctionnaires et journalistes des gouvernements étrangers avaient totalement mal interprété le paysage politique local. La même chose se produit aujourd'hui», a affirmé l'analyste. Il donne également le cas de la Libye, pour dire que l'ancien dirigeant Maâmar El Gueddafi avait été «diabolisé et rendu seul responsable de tous les maux de son pays, tandis que ses adversaires ont été salués comme de vaillants combattants de la liberté, dont la victoire apporterait liberté et démocratie au peuple libyen». Il ajoute que le renversement d'El Gueddafi «a rapidement conduit la Libye vers une anarchie violente et criminelle et un chaos dont les Libyens ont très peu de chance de se remettre». Patrick Cockburn conclu que «l'extrême parti pris dans la couverture des médias étrangers des événements similaires en Irak et en Syrie fera un excellent cas d'étude sur les usages et les abus de la propagande et l'impact du parti pris médiatique et de la couverture partiale, pour les étudiants et les doctorants».