L'armée irakienne est à 15 km de Mossoul Curieusement, avant même de parvenir à la reprise de Mossoul, ladite coalition conduite par les Etats-Unis annonce d'ores et déjà son intention de lancer sans tarder une opération parallèle en direction de...Raqqa, en Syrie. C'est sous les tirs cycliques des snipers, l'explosion des voitures piégées et les attaques impromptues de petits groupes embusqués que les forces irakiennes poursuivaient leur progression, hier, en direction de Mossoul. De leur côté, les 10.000 combattants kurdes qui tentent de reprendre la petite ville de Bachiqa, sur la route de la capitale du Nord irakien, piétinent malgré l'appui de la Turquie qui tente de marquer son territoire en équipant les peshmergas de mortiers et d'armes diverses, tout en les appuyant avec son artillerie et ses blindés. Ankara dont la présence sur le champ de bataille n'a pas été souhaitée, c'est le moins qu'on puisse dire, par le gouvernement de Baghdad s'efforce de participer au combat pour la reconquête de Mossoul, en entraînant dans sa base de Bachiqa les éléments kurdes au nord-est de l'objectif. Depuis le lancement de l'offensive, les forces spéciales irakiennes sont engagées désormais dans de violents accrochages avec les éléments de Daesh qui tentent de freiner leur avancée, du côté de Qaradosh, dont la chute est donnée comme imminente par l'état-major irakien. Plus largement, la résistance de l'Etat islamique paraît forte, selon le général américain Stephen Townsend, chef militaire de la coalition internationale, une résistance caractérisée par le recours à de nombreux engins explosifs et même à des missiles antichars guidés. Curieusement, avant même de parvenir à la reprise de Mossoul, ladite coalition conduite par les Etats-Unis annonce d'ores et déjà son intention de lancer sans tarder une opération parallèle en direction de...Raqqa, en Syrie, pour officiellement en déloger Daesh. De peur d'être pris de vitesse par l'armée syrienne et son allié russe, également en instance de lancer une attaque qui partirait de Deir Ezzor, les Américains n'ont pas cessé, depuis quarante-huit heures, de prévenir qu'ils privilégient une telle offensive. Lâcher la proie pour l'ombre? Voire. Le fait que la libération de Mossoul est conditionnée par une bataille de plusieurs semaines, sinon de plusieurs mois, au cours desquels les soldats syriens et les alliés russes, libanais et iraniens pourraient se projeter vers Raqqa inquiète passablement les puissances occidentales. C'est pourquoi le chef du Pentagone, Ashton Carter, n'a pas caché son objectif: «Nous voulons voir une opération d'isolement de l'EI à Raqqa dès que possible», a-t-il déclaré, préconisant une «simultanéité entre les deux opérations» de Mossoul et de la ville syrienne, l'une et l'autre étant les deux derniers bastions de Daesh dans la région, la majeure partie des localités conquises par l'organisation terroriste lors de son offensive éclair de 2014 ayant été perdue. A 170 km de Mossoul, les éléments de Daesh ont déjà surpris par l'assaut donné à Kirkouk, une ville pétrolière dont le rôle de verrou stratégique est indéniable, en pleine région kurde. Les affrontements ont engendré de part et d'autre plus de cinquante morts et des dizaines de blessés. Plusieurs des assaillants, pour la plupart des kamikazes, ont semé le chaos dans une cité multi-ethnique mais ne sont pas parvenus à prendre le contrôle de bâtiments gouvernementaux. Jusqu'à hier, les affrontements sporadiques se sont poursuivis, notamment dans le quartier de Nidaa, preuve que les jihadistes ont des ressources au sein de la population.Ces attaques sont en fait des manoeuvres de diversion que l'Etat islamique va multiplier, soit pour retarder l'assaut final sur Mossoul soit pour créer le doute sur ses capacités à s'opposer à une offensive totale contre laquelle ses moyens humains bien plus que matériels ne peuvent en aucun cas suffire. Qu'on en juge, d'un côté 60 000 hommes de l'armée irakienne auxquels s'ajoutent 10.000 peshmergas, tous appuyés par des centaines de conseillers et par l'aviation d'une coalition internationale comprenant pas moins de 60 pays et de l'autre moins de 5000 éléments de Daesh, intra-muros et en périphérie de Mossoul. La grande question qui se pose désormais a trait au sort de la population, plus d'un million et demi d'Irakiens vivant dans cette ville dont l'attaque provoquera inexorablement un exode massif. L'ONU et ses organisations spécialisées prévoient un million de déplacés dans ce cas de figure, ce qui représente une nouvelle tragédie dans un pays où depuis 2014 trois millions d'Irakiens ont tout perdu et se sont retrouvés sur les routes de l'exil.