Le siège de la Cour pénale internationale Ainsi, après le Burundi et l'Afrique du Sud, c'est au tour de la Gambie de quitter cette juridiction internationale, souvent critiquée durant ces dernières années par les Africains, qui lui reprochent son «impartialité». La série de retraits, du côté africain, de la Cour pénale internationale (CPI) se poursuit à travers la décision de trois pays du continent de rompre le lien avec cette instance, estimant que seuls les pays africains sont accusés et condamnés par cette instance qui jusque-là a épargné les Occidentaux. «A partir du 25 octobre, nous ne sommes plus membres de la CPI et avons entamé le processus prescrit par le Statut de Rome (traité fondateur) pour nous en retirer», a annoncé mardi soir le ministre gambien de l'Information, Sheriff Bojang. M.Bojang a accusé la CPI de «persécution envers les Africains, en particulier leurs dirigeants», alors que, selon lui, «au moins 30 pays occidentaux ont commis des crimes de guerre» depuis la création de cette juridiction. Au Burundi, le premier pays à ouvrir le bal, les Parlementaires burundais avaient voté le 13 octobre à une écrasante majorité le retrait du pays de la CPI. L'Afrique du Sud, deuxième pays à prendre cette décision, a envoyé un avis de retrait de cette Cour au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Aussitôt avisé, M.Ban a appelé l'Afrique du Sud à «reconsidérer sa décision avant que son retrait ne prenne effet», un an après la notification adressée au secrétaire général de l'ONU, qui en est le dépositaire. M.Ban a rappelé, dans la foulée, «le rôle important joué par l'Afrique du Sud dans la mise en place de la CPI, y compris en tant que l'un des premiers signataires du Statut de Rome». Outre Bujumbura, Pretoria et Banjul, d'autres pays africains semblent être sur la même logique. A l'initiative du Président kenyan, Uhuru Kenyatta, nombre de pays avaient exprimé à l'occasion du 26e sommet de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, leur volonté de se retirer de la CPI. Les poursuites engagées à l'encontre des Présidents Omar El Bechir du Soudan (encore sous mandat d'arrêt international) et contre l'Ivoirien Laurent Gbagbo (qui est jugé actuellement par la CPI), sont entre autres les motivations du Kenya. «Je leur (les pays tentés par la procédure) dis qu'il y a un lieu pour débattre des questions de la CPI. C'est l'Assemblée des Etats parties», a déclaré récemment le président de l'Assemblée des Etats Parties au Statut de Rome de la Cour pénale internationale, Sidiki Kaba, également ministre sénégalais de la Justice. L'Assemblée des Etats Parties au Statut de Rome doit tenir sa quinzième session à La Haye, au Pays-Bas, du 16 au 24 novembre 2016. «Là-bas on peut discuter de toutes les question pour trouver un consensus dynamique», a noté M. Kaba. Dans un communiqué de presse publié samedi dernier, M. Kaba a indiqué «craindre» que ce troublant signal n'ouvre la voie à une cascade de retraits d'Etats africains du Statut de Rome. Le président tchadien Idriss Deby, président en exercice de l'Union africaine (UA), depuis février 2016, était revenu, à l'issue du 26e de l'UA, sur la position de l'organisation panafricaine vis-à-vis de la CPI. «La CPI s'acharne beaucoup sur l'Afrique, sur les chefs d'Etats africains, même des chefs d'Etats en exercice, des hommes aussi politiques, alors qu'ailleurs dans le monde beaucoup de choses se passent, beaucoup de violations des droits de l'homme flagrantes- je dis bien flagrantes, mais personne n'est inquiété», a-t-il jugé. Son prédécesseur, le président zimbabwéen Robert Mugabe, avait également menacé de se retirer de la CPI, l'accusant d'être «injuste» à l'égard des Etats africains. Le Statut de Rome a été adopté en juillet 1998 à Rome en Italie lors d'une conférence diplomatique des plénipotentiaires des Nations unies, dite conférence de Rome. A ce jour, 124 pays (dont 34 africains) sont Etats Parties au Statut de Rome de la CPI.