L'intersyndicale dévoilera, aujourd'hui, son plan d'action. Le mouvement de grève dans le secteur de la Fonction publique risque de prendre une nouvelle dimension, le spectre de la grève illimitée plane à l'horizon. Les syndicats grévistes se réuniront, aujourd'hui, dans une atmosphère de crispation des relations entre le gouvernement et les partenaires sociaux. En effet, pour le gouvernement le dossier de la retraite proportionnelle est clos «On discutera avec les syndicats majoritaires, après l'adoption de la loi sur la réforme de la retraite», a laissé entendre le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui résume en quelques mots la position de son gouvernement par rapport à la principale doléance des syndicats grévistes. Pour les syndicats contestataires, la déclaration du Premier ministre à la veille de leur fameuse réunion, est une incitation à la radicalisation de leur mouvement de grève. Le résultat de la rencontre des représentants des syndicats, aujourd'hui, est d'une importance capitale. Au cas où la grève illimitée serait décrétée, la stabilité sociale sur laquelle table le gouvernement sera compromise et le pays replongera à nouveau dans le tourbillon des grèves répétitives. Le secteur de l'Education nationale, la santé, l'administration publique, la formation professionnelle, l'enseignement supérieur, l'agriculture, les corps communs de la santé publique et de l'Education nationale, sont presque tous les secteurs qui risquent d'être touchés par le mouvement de grève qui serait initié par l'intersyndicale dont la décision sera rendue publique, aujourd'hui. Pour l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef), la déclaration du Premier ministre est une invitation aux syndicats à fermer les yeux sur les atteintes du gouvernement aux acquis des travailleurs. Dans un communiqué rendu public, hier, le syndicat affirme que «l'Unpef n'acceptera pas de prendre part à ce dialogue creux. Nous sommes pour un dialogue constructif, sérieux, mais le gouvernement affiche le contraire», lit-on dans le communiqué du syndicat. Pour celui-ci, les déclarations du Premier ministre qui ont été précédées par celles du ministre de Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale jettent de l'huile sur le feu et incitent les syndicats à radicaliser leur mouvement de contestation, en écartant la voie du dialogue dans la résolution de la crise. Un point de vue soutenu par le Syndicat autonome des travailleur de l'éducation et de la formation (Satef) qui déclare à travers son secrétaire général, Boualem Amoura, que le gouvernement s'est précipité dans la prise d'une telle décision et «ce n'est pas le moment de lancer de telles déclarations contre les syndicats». De son côté, le secrétaire général du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique, (Snapest), Méziane Meriane, «le gouvernement impose aux syndicats d'aller dans le sens de la confrontation. Face au mépris des autorités, les syndicats n'ont pas d'autre alternative au moment où le gouvernement affirme que sa décision est irrévocable». En effet, le gouvernement et les syndicats entrent dans une escalade verbale sans précédent, le premier a qualifié le mouvement des syndicats de «mauvaise manoeuvre», visant à replonger le pays dans une instabilité chronique et les syndicats accusent le gouvernement de vouloir «faire payer aux travailleurs sa mauvaise gestion des affaires du pays». Les deux parties s'échangent des accusations et la crise demeure sans solution. Le gouvernement explique sa décision de recourir à la suppression de la retraite proportionnelle par la faillite de la Caisse nationale des retraites, d'où la nécessité de revenir à la norme en abrogeant l'ordonnance 97-13 fixant les modalités de départ à la retraite proportionnelle adopté dans un contexte économique exceptionnel. Pour les syndicats leur action est motivée par la préservation du droit des travailleurs, et de les épargner des conséquences de cette mesure considérée comme une atteinte à l'un de leurs principaux acquis socioprofessionnels. Pour faire entendre la voix des travailleurs, l'intersyndicale se réunira aujourd'hui, pour décider des actions à venir, avec des rumeurs sur l'éventuel retour à «la grève illimitée» qui replongera le pays dans l'instabilité.