Les forces armées doivent lutter à la fois contre les menaces qui viennent du Sud et de l'Est, mais sans oublier la façade Nord. Si le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a souligné hier que l'Algérie compte sur les capacités de l'ANP ainsi que sur le potentiel et l'expérience de ses corps de sécurité pour préserver l'intégrité du territoire, c'est que ce constat s'applique aussi à ses forces navales en Méditerranée. Les essais positifs de missiles de croisière par la marine algérienne viennent compléter le constat selon lequel la Méditerranée n'est plus une mer occidentale et que le Sud veut aussi participer à la sécurité de ce Bassin de paix. D'ailleurs, Richard Labévière qui est rédacteur en chef du magazine en ligne prochetmoyen-orient.ch et collaborateur du mensuel Afrique-Asie prépare pour mi-novembre un débat sur la stratégie en Méditerranée. Il constate que différentes crises structurelles affectent la Méditerranée occidentale et mobilisent d'importantes ressources budgétaires et de nombreux moyens opérationnels pour faire face aux enjeux stratégiques qui concernent la totalité de la masse d'eau allant du canal de Suez au détroit de Gibraltar. Sur cette étendue, l'ANP mobilise, elle aussi, ses effectifs pour engager son savoir-faire et ses corps de sécurité qui veillent à la lutte contre les menaces affectant la sécurité du pays, y compris le terrorisme et le crime ainsi que les trafics d'armes et de drogues notamment, qui ont atteint un seuil dangereux dans la région Nord. Ceci appelle la mise en oeuvre d'un nouveau système de sécurité collective pour la Méditerranée avec la participation de l'Algérie. La Marine nationale a déjà entrepris les ajustements nécessaires face aux nouvelles menaces en Méditerranée. Néanmoins, d'autres pays comme la Russie et la Chine s'intéressent à cet espace et l'Algérie devrait chercher aussi à développer des coopérations communes en matière de contre-terrorisme et de lutte contre les migrations illicites, les trafics d'armes et de drogues. Selon Richard Labévière, le nouveau système de sécurité collective pour la Méditerranée n'ira pas sans une remise à plat des orientations diplomatiques. Il appelle aussi à la refondation d'une diplomatie adaptée aux enjeux méditerranéens immédiats à partir desquels peuvent s'envisager des convergences locales durables: une grande ambition qui nécessite une volonté politique adaptée. Il y a aussi la perspective de la mise en place de coopérations renforcées à l'image de ce que l'UE a été incapable de faire, à savoir des programmes à la carte, selon l'intérêt des Etats riverains décidant de participer ou non. Selon lui, si les Etats demeurent indispensables à cette organisation, les capacités diplomatiques des villes portuaires s'avèrent, d'ores et déjà, des outils complémentaires appropriés aux nouveaux enjeux stratégiques, économiques et sécuritaires auxquels est désormais confronté l'ensemble des populations méditerranéennes. En la matière, il n'est pas acquis que les grandes puissances puissent constituer l'élément moteur d'une telle avancée et des petites collectivités seraient mieux à même de mettre en oeuvre la concrétisation d'un tel laboratoire méditerranéen. Des grandes villes portuaires comme Marseille, Barcelone, Tunis et Beyrouth sont candidates. Pourquoi pas Alger ou Oran?