img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P161101-09.jpg" alt=""J'écris pour réparer ma vie"" / Auteur d'un nombre infini de romans et de récits, Dany Laferrière est également lauréat de nombreux prix littéraires. Membre de l'Académie française depuis 2013, Dany Laferrière est un grand romancier de nationalité canadienne ayant obtenu le prix littéraire Médicis en 2009. Ses romans sont lus et traduits dans le monde entier. C'est en présence des ambassadeurs de France et du Canada à Alger et de plusieurs écrivains algériens dont Wassiny Laâredj et Mohamed Sari, ainsi que d'un public nombreux et initié que le romancier canadien Dany Laferrière a donné sa conférence à la salle Estrade du Salon international du livre - Sila. Une occasion pour la majorité des présents de découvrir ce membre de l'Académie française qui, tout le monde l'aura constaté, n'est pas seulement un écrivain et narrateur exceptionnel, mais aussi un orateur d'une spontanéité qui subjugue. Auteur d'un nombre infini de romans et de récits, Dany Laferrière est également lauréat de nombreux prix littéraires. Il semble en collectionner tant son talent littéraire si surprenant qu'il ne souffre d'aucune équivoque. En tout cas, dimanche dernier, il a donné un avant-goût de ce que sont ses romans aux présents qui n'ont pas encore lu ses livres et qui n'ont pas hésité à se ruer sur eux dès le «sifflet final» de la conférence qui se déroulait en même temps que la vente-dédicace de Ahlam Mostaghanemi qui a défrayé la chronique du Sila. Sans être muni d'aucune note, Dany Laferrière n'a pas cessé de passer admirablement du coq à l'âne, tout au long de sa longue intervention, mais avec l'art et la manière qui lui sied. En trouvant à chaque fois le moyen de faire la jonction dans les idées un peu comme on écrirait un roman qui n'est pas linéaire, mais qui raconte tout de même la même histoire. Celle de la condition humaine. Celle du monde d'aujourd'hui, face à une modernisation et à une technologie qui ne sont pas forcément que positives. Dany Laferrière a même dérouté plus d'un en affirmant par exemple que pour être un grand romancier, il ne faut pas ou il ne suffit pas d'être très intelligent ni trop instruit. Car, d'après lui toujours, l'être signifie que l'on serait incapable de créer des situations de piège dans ses romans. Or, un roman c'est d'abord créer des situations de pièges. C'est le cas notamment dans les dialogues qui ne doivent pas avoir un aspect intellectuel, mais être plutôt d'apparence simple et fluide et le sens profond doit être en quelque sorte caché, selon le conférencier. «Le lecteur ne doit pas payer un livre pour se retrouver devant des leçons», a ajouté l'orateur qui parlera d'un tas de choses en peu de temps. «On peut être analphabète et l'un des plus grands penseurs en même temps. Les études n'ont rien à voir avec la pensée», affirme Dany Leferrière. Pour ce dernier, la pensée est liée à l'imaginaire: créer un monde là où il n'existe pas. Les enfants font ça plus facilement, rappelle le conférencier qui bifurque pour mettre en exergue les dangers de la technologie, notamment l'utilisation excessive des téléphones portables et d'Internet surtout par les enfants. L'invité du Sila a ajouté qu'il est venu à la littérature pour réparer sa vie qui n'était pas telle qu'il la souhaitait. C'est d'ailleurs la vocation de la littérature, réparer les situations, ajoute-t-il. «J'ai tout fait pour que ma vie soit heureuse dans l'imaginaire», enchaîne l'écrivain d'origine haïtienne. Par la suite, l'orateur aborde en survol la problématique de l'identité en parlant de voyages, d'exil... avant de faire un détour sur les attentats du 11 Septembre 2001 à New York. Une occasion pour évoquer l'ambiance de guerre qui règne depuis cette date dans les aéroports. «Mais pour les gens des pays du Sud, ils ont toujours été embêtés dans les aéroports bien avant le 11 Septembre 2001», rappelle-t-il. Et de caricaturer encore avec son humour caustique: «Avant, c'était les riches qui voyageaient, maintenant, c'est l'inverse. Ce sont les pauvres qui voyagent, en plus ils le font en masse.» Avant de terminer, Dany Leferrière a évoqué encore la question de l'exil en concluant que le véritable exil n'est pas celui de l'espace, mais celui du temps. Et c'est ce sentiment d'exil du temps qui pousse à écrire des livres, à faire du cinéma et à peindre. Et de conclure, avec une touche de philosophie cette fois-ci: «A défaut d'avoir un endroit où vivre, il faut habiter le présent.»