Obama vole au secours de Hillary Clinton La grande inquiétude du camp démocrate concerne l'apathie, pour ne pas dire le manque flagrant d'entrain, que la candidate Clinton rencontre, malgré tous ses efforts pour mobiliser... L'élection que le monde entier attend avec une impatience grandissante est toute proche. Plus que trois jours et le suspense qui a sans cesse culminé prendra fin sur un résultat guetté par toutes les capitales. La course à la présidence des Etats-Unis aura été tumultueuse. Ce jeudi, les sondages ont semé la panique dans le camp démocrate qui a découvert, abasourdi, que Clinton elle était bien en tête des intentions de vote, mais que son avance, face au populiste Donald Trump, a beaucoup fondu. Revenus au coude à coude, l'un et l'autre ont jeté toutes leurs forces dans l'ultime bataille. Le fait que le président Obama s'est chargé, jeudi, de rameuter les électeurs indécis montre que le feu est dans la maison. Même en y mettant tout son enthousiasme et sa force de persuasion, Obama et son épouse mobilisée aux côtés du colistier d'Hillary Clinton ont peiné dans l'Etat au vote déterminant, la Floride. «Il y a des moments où le cours de l'histoire peut changer. Ils ne se présentent pas si souvent (...), celui-ci en est un», a-t-il lancé à Miami, préoccupé par les dérives qui ont émaillé une campagne au ras des pâquerettes. Tirant sur Donald Trump, il a choisi la dérision:«Vous ne voulez pas confier les armes nucléaires à quelqu'un qui prend la mouche à cause d'un sketch!». Mercredi, en Caroline du Nord, l'un des Etats qui peuvent faire basculer l'élection, Obama avait sorti une autre salve: «Le sort de la République est entre vos mains. Vous avez l'occasion d'écrire l'histoire. Rejetez la peur! Choisissez l'espoir! Votez!». Car la grande inquiétude du camp démocrate concerne l'apathie, pour ne pas dire le manque flagrant d'entrain, que la candidate Clinton rencontre, malgré tous ses efforts pour mobiliser. Lundi prochain, le clou de la soirée consistera dans la présence, à Philadelphie, chargée de symboles pour les générations démocrates, des couples Bill et Hillary Clinton et Barack et Michelle Obama, unis face à l'adversité. Si la menace semble sérieuse, la candidate Clinton ne veut pas céder à la panique, même si les sondages parlent d'une réduction sensible de son avance. A l'exception d'un seul qui place Donald Trump à un point devant elle, ils restent «encourageants» pour pronostiquer la victoire de celle qui espère être la première femme présidente des Etats-Unis, 24 ans après l'élection de son mari Bill Clinton. Ce qui nourrit cette assurance dans une campagne où les invectives et les coups au-dessous de la ceinture auront abondé à foison, jusqu'à donner des relents nauséabonds à certains épisodes de la confrontation, c'est bien le fait que 60% des Américains déclarent avoir déjà fait leur choix et affirment que les «révélations», aussi terribles soient-elles, ne les feront pas changer d'optique. Sauf que l'intrusion brutale du FBI dans cette campagne, avec une relance au timing douteux de l'enquête sur les e-mails non sécurisés de Hillary Clinton quand elle était secrétaire d'Etat, ne sera pas sans conséquence sur le résultat du scrutin. Prenant prétexte de cette affaire, Trump a tempêté qu'à son sens, sa rivale «ne devrait pas être autorisée à être dans la présidentielle» et il a tiré à boulets rouges sur Barack Obama, monté au créneau «pour défendre Hillary-la-crapule»! C'est dire si les Etats-Unis auront du mal à s'affranchir des séquelles de cette élection, la plus vulgaire et la plus cynique de toutes celles qu'ils ont vécues. Malgré les appels pathétiques du président Obama pour préserver l'unité, une profonde cassure est apparue qui va aggraver les crises socio-économiques et les tensions ethniques ravivées par les meetings de Hillary Clinton exploitant les propos abjects de Donald Trump sur les femmes, les immigrés, les musulmans, etc. Tout en ayant les faveurs des citoyens arabes et musulmans, de l'Atlantique au Golfe arabo-persique, Hillary Clinton ne semble pas les séduire pour autant. Plusieurs sondages montrent, en effet, qu'ils sont sans illusion sur la politique de l'ancienne secrétaire d'Etat, connue pour ses attaches israéliennes et son penchant marocain. Entre deux maux, on choisit obligatoirement le moindre. C'est ce que devront se dire, mardi, les Américains, au moment du vote.