Hillary Clinton était un allié de taille de Mohammed VI La promesse d'un avenir radieux s'est transformée en un cauchemar pour le roi Mohammed VI. S'il existe un pays au monde pour qui l'élection de Donald Trump à la tête des Etat-Unis est une véritable douche froide, ce serait sans conteste le Maroc. Le Royaume alaouite qui a beaucoup investi dans ses relations avec le pays de l'Oncle Sam a mis tous ses oeufs dans le panier d'Hillary Clinton. Très proche du Palais royal pour des raisons peut-être subjectives, l'ancienne secrétaire d'Etat y a ses habitudes. Mme Clinton ne fait aucun mystère de son «admiration» pour le roi avec lequel elle entretient une solide amitié. Amoureuse des us et coutumes du royaume, elle s'y rend régulièrement pour des visites privées. Lors de ses tournées au Maghreb, elle ne manque jamais de faire de Rabat son principal point de chute. Elle a d'ailleurs joué un rôle crucial dans l'attitude de son pays au Conseil de sécurité, en rapport avec la question du Sahara occidental. Le Maroc avait dans Hillary Clinton une alliée de choix dans l'administration Obama. L'idée même de la savoir à la tête de l'hyperpuissance américaine comblait le roi Mohammed VI de satisfaction. Suivant l'évolution de la campagne des primaires démocrates, ensuite de la campagne pour la présidentielle, le monarque marocain, comme la grande majorité des décideurs de la planète a certainement pensé que «l'affaire était déjà dans le sac». Il ne pouvait pas rêver meilleure conjoncture. Et c'est en toute amitié que le Palais royal donnait un sens sonnant et trébuchant à son investissement américain. Plus de 12 millions de dollars ont été versés par Rabat dans le compte de la Fondation Clinton. Venant d'un pays surendetté avec des indices de développement humain en berne, la généreuse donation marocaine pouvait faire jaser. Mais pour Mohammed VI, c'était un gage d'amitié, mais surtout un placement sûr avec des dividendes garantis à très court terme. Jusqu'à avant-hier soir, le retour sur investissement était quasi garanti. Pour le Maroc, une ère de grande prospérité était aux portes. Avec une aussi puissante alliée qu'est la présidente des Etats-Unis d'Amérique, l'avenir du royaume était entre de bonnes mains, d'autant que la soeur de Clinton a choisi ce pays pour y vivre. Cela pour dire que tout plaidait pour une mise en orbite du Maroc comme une véritable puissance régionale. L'activisme du roi en faveur de l'adhésion de son pays à l'Union africaine n'est certainement pas étranger à la perspective d'un soutien clair de l'hyperpuissance. Cet avenir, qui était plus que probable, s'est transformé en un cauchemar pour le roi Mohammed VI. Les dégâts collatéraux de la défaite électorale de Hillary Clinton sont donc ressentis à plusieurs milliers de kilomètres de Washington. Rabat doit tirer un trait sur son ambition expansionniste au Sahara occidental. La nouvelle administration américaine n'aura certainement pas la même approche de la question sahraouie qu'aurait eue celle de Clinton si elle avait été élue. Pensant jouer une carte maîtresse, le roi du Maroc se retrouve avec un jeu sans «couleur» et risque de perdre la partie du siècle. En effet, si l'administration Trump, pour une raison ou pour une autre, choisit de lâcher le Maroc, Mohamed VI sera passé à côté de la chance de sa vie.