En plus de deux albums pour l'Algérie dont un en hommage à Hasni, l'artiste prépare un 3e album comprenant plusieurs featurings et des surprises... Interprété avec 113 et Magic System, son titre De Ngao à Oran a fait exploser le baromètre FM, cet été, lui reconnaissant une notoriété outre-mer. Et pourtant, cela n'a pas été le cas souvent. Une consécration qui est venue au bout de 10 ans de carrière. Mohamed Lamine s'est fait connaître grâce à des succès comme Sahbi ki khouya, Inti t'bati labes, Dhourouf saâba et beaucoup d'autres chansons aussi mélodieuses qu'agréables. Toujours fidèle à son auteur et compositeur, Abderrahmane Djoudi, il a sorti en 2000 deux albums dont un intitulé : Dhourouf saâba. Mohamed Lamine qui réside depuis plus de 10 ans en France s'est plu à enregistrer des morceaux dans le type oriental dont il se sent proche. Une sensibilité qui ne laisse pas indifférent le public. Abderrahmane Djoudi a dit de lui un jour: «Mohamed Lamine est un chanteur talentueux, ambitieux et idéaliste. Il peut réussir et faire mieux s'il se donne tout entier à la musique car il a tout pour réussir et être le meilleur». Il faut croire que c'est le cas puisque son titre phare qui figure sur la compil Rain'b fever a fait fureur dans les charts et a été même nominé aux Energy Music Awards cette année ! C'est dire que Mohamed Lamine «joue» aujourd'hui dans la cour des grands... Interview. L'Expression: Peut-on dire aujourd'hui que Mohamed Lamine a atteint son rêve, 10 ans après, celui d'être célèbre et reconnu enfin pas seulement ici, mais ailleurs? Mohamed Lamine:Célèbre et reconnu au bled, c'est bon, tout le monde me connaît en Algérie, El hamdou lilah. J'ai réalisé un de mes rêves: j'ai obtenu mon disque d'or, mon double disque d'or. J'ai été aux Energy Music Awards, j'ai monté les marches aux côtés de nombreuses stars dont Jennifer Lopez. En ce qui concerne les Européens, la communauté française a commencé à me connaître grâce à la chanson de Ngao à Oran, que j'ai chantée avec Magic System et 113. Maintenant, les projets avancent. Justement, on croit savoir que vous préparez un album en hommage à Hasni. Effectivement, j'ai fait un album de reprises en hommage à Hasni, pour l'Algérie. J'ai même tourné un clip qui a été diffusé récemment à la télé, sur l'Entv. La chanson s'intitule Nebghik mani m'hani. Cet album est composé de 9 titres. Il sera sur le marché très bientôt. J'ai un autre album qui n'est pas encore sorti. Je l'ai préparé également pour l'Algérie, pour garder toujours le contact avec le public algérien. Il comprendra notamment Chkoun chkoun, une chanson orientale sur fond raï. On peut dire que cet album se distingue des autres par ses nouveaux sons, ses nouveaux arrangements que j'ai faits à Paris. Un 3e album, international, est en cours de préparation. Je suis dessus. Il y aura des featurings avec des stars de R'nb, notamment. Je ne peux tout dévoiler, y aura des surprises... Peut-on revenir sur votre expérience musicale dans la compilation Raï N'b fever. Pourriez-vous nous raconter cette aventure? L'aventure, c'est quoi? C'était le projet de deux DJ : Core et Sclap. Ils ont pensé à faire connaître la fusion des cultures, celle des Français avec celle des Algériens...Cela a été magnifique comme rencontre, d'abord humaine puis musicale, en ayant posé ma voix avec ces monuments de la chanson R'nb. Le premier contact s'est bien passé. On a discuté, on s'est amusé en même temps dans le studio, on nous a fait écouter plusieurs chansons dont il a fallu choisir quelques-unes. Cela a été le cas pour N'gao à Oran, tout comme pour la chanson avec Khaled. C'est moi qui ai pensé à lui. J'ai voulu qu'il chante avec moi. Le 3e titre était avec Kylia, N'tya. Le 4e titre que j'ai interprété et que j'ai trouvé aussi sur la compil, c'était avec Maria et Roff, Bladi. Aujourd'hui, les liens se sont renforcés et j'espère qu'on continuera à travailler ensemble. Vous avez souligné, lors d'une conférence de presse votre côté «nationaliste» que vous aimez véhiculer à travers vos chansons. De quelle façon? Vous m'avez parlé de la chanson Ya Metgharab. Quand on part, on quitte son pays, cela ne veut pas dire que quand on est exilé, on vit bien ! Que l'on est arrivé et que l'on a tout. Il reste beaucoup de choses à faire, en l'occurrence régler les problèmes de papiers, le foyer, le travail... Il y a beaucoup d'Algériens qui se retrouvent en France sans rien, sans papier, pourvu qu'ils quittent l'Algérie. Ils butent devant ces obstacles mais ils parviennent à se débrouiller une vie moyennement décente. Je ne dis pas que celui qui part va forcément connaître la misère. Les premiers temps, peut-être. Mais nous les chanteurs, on est bien reçus là-bas. On est parti parce que à un moment, l'activité culturelle s'était arrêtée. La situation du pays ne le permettait pas, les chanteurs ne travaillaient plus. Nous, on est parti pour continuer notre art. si on s'était arrêtés tous, il n'y aurait plus de culture aujourd'hui. Les artistes n'ont rien, sauf la chanson. Je parle de mon cas. Il fallait aussi faire connaître la chanson algérienne dans le monde entier, même s'il y a des problèmes en Algérie. Nous, on est là et on passe le message... Vous leur dites : partez et faites donc l'expérience! Au moins! C'est bien de s'exiler de temps à autre, en France ou ailleurs, pour découvrir d'autres mondes, d'autres gens, d'autres mentalités. C'est bon même pour se cultiver un peu. Rester toujours dans son coin, dans son quartier face au même voisin, c'est mauvais. Il n'y a pas que ça... Aujourd'hui, je fais des va-et-vient incessants entre la France et l'Algérie. Je constate que beaucoup de choses se sont améliorées. C'est bien, c'est la raison pour laquelle on «descend» en Algérie, parce que c'est notre pays, parce qu'on est nationaliste. J'aime beaucoup mon pays, je suis «sorti» à un moment pour continuer dans mon travail et hamdou lilah, j'ai réussi. Si j'étais resté ici, je n'aurais pas fait tout ça. Pensez-vous que le raï a évolué et à quelle autre couleur musicale Mohamed Lamine va-t-il s'attaquer, aujourd'hui, en la combinant au raï? Moi, j'ai envie de toucher à tous les styles. Je ne veux pas m'arrêter au raï. Cela fait 30 ans que nous chantons le raï. Il ne s'est pas trop amélioré, il s'améliorera quand on le mariera avec d'autres cultures, avec du rap, du pop par exemple... Il faut le sortir de son carcan, le faire connaître en dehors de l'Algérie et démontrer qu'il peut s'adapter à tous les autres genres de musique. C'est une musique de notre temps. Donc moi, je ne vais pas m'arrêter là.