L'année ne pouvait pas finir avec un plus grand suspense: Andy Murray et Novak Djokovic s'affrontent à partir d'aujourd'hui dans le Masters et l'issue du rendez-vous londonien de l'élite déterminera celui qui finira 2016 à la première place mondiale. Seulement 405 points séparent les deux hommes au classement ATP, sachant que Murray va encore perdre prochainement les 275 points acquis lors de la victoire britannique en Coupe Davis fin 2015. Les calculs sont soumis à plusieurs inconnues. Globalement, c'est celui qui passera un tour de plus que son rival, ou mieux, qui soulèvera le trophée à la fin, qui fêtera Noël en tant que numéro un mondial. Murray, qui s'est installé en haut du classement seulement lundi dernier, en est-il capable? L'Ecossais sort à 29 ans d'une année incroyable. Il a remporté Wimbledon pour la deuxième fois, décroché une seconde médaille d'or olympique et gagné ses quatre derniers tournois (Pékin, Shanghai, Vienne et Paris-Bercy). En coulisses, le Britannique est devenu papa d'une petite Sophia. «Cette année a été la meilleure sur le court», a expliqué le nouveau numéro un mondial hier. «Les derniers mois ont été les meilleurs en termes de régularité (...) En dehors du court, cela a été de loin la plus belle année de ma vie. Avec un gros et super changement. J'adore être parent.» L'homme qui a mis un terme aux 122 semaines de règne de Djokovic assure désormais entrer sur le court avec «un peu plus de confiance». Il lui en faudra pour sortir d'un groupe où il retrouvera Stan Wawrinka (N.3), Kei Nishikori (N.5) et Marin Cilic (N.7). Si cette année l'Ecossais a battu le Suisse lors de leur seule confrontation (demi-finale de Roland-Garros), il s'est déjà incliné une fois contre le Japonais (quart de finale de l'US Open) et contre le Croate (finale du Masters 1000 de Cincinnati). Novak Djokovic aura lui un groupe un peu plus facile. Il affrontera Gaël Monfils (N.6), Milos Raonic (N.4) et Dominic Thiem (N.9), trois adversaires contre qui le Serbe n'a jamais perdu. Il détient un impressionnant bilan de 13 victoires-0 défaite contre le Français, 7-0 contre le Canadien et 3-0 contre le jeune Autrichien. Ce groupe, plus accessible sur le papier, semble pouvoir lancer «Djoko» dans les meilleures conditions, lui qui n'a pas connu une seconde moitié d'année fantastique depuis sa victoire à Roland-Garros. Après avoir atteint l'objectif de sa vie au mois de juin en remportant sur l'ocre parisien le dernier trophée du Grand Chelem qui manquait à son palmarès, il est entré dans une période de flottement. Battu au troisième tour de Wimbledon, puis d'entrée aux JO et en finale de l'US Open, l'homme aux douze trophées majeurs a vu Murray prendre la place de N.1 qu'il occupait depuis juillet 2014. Mais le Serbe l'assure, le revoilà en pleine forme. Pas question de laisser filer un Masters dont il a remporté les quatre dernières éditions et où il peut égaler le record de six titres de Roger Federer. Le «Djoker» est en tout cas apparu combatif devant la presse. Interrogé sur sa forme du moment et sur sa capacité à redevenir lui-même, le Belgradois de 29 ans a répondu sèchement: «Qu'est-ce qui vous fait dire ça? Je suis moi-même tous les jours. J'ai connu quelques haut et bas, mais dire que je n'étais pas normal, c'est aller trop loin.» «Je pense toujours avoir de l'essence dans le réservoir et encore plusieurs années devant moi», a-t-il continué. «J'ai dû aller chercher au fond de moi et prendre du temps pour réfléchir (après Roland-Garros). Cela a pris du temps pour revenir, mais l'un dans l'autre, cela a été une très bonne année.» Elle serait encore meilleure s'il pouvait la terminer avec «sa» couronne de N.1 mondial.