Au bout d'un mois de la plus longue grève de l'audiovisuel français depuis les mouvements sociaux de mai 1968, les salariés d'i-Télé ont décidé après une assemblée générale mouvementée de stopper leur mouvement de grève. Un accord et une sortie de grève ont été trouvés et un protocole devait être signé hier après-midi. Le mouvement a été stoppé même si les grévistes n'ont pas obtenu de satisfaction face à leur revendication principale. En effet, Serge Nedjar, le directeur général de la chaîne et directeur de la rédaction qui était la source du mécontentement des employés de i-télé restera à la tête de la chaîne d'information du groupe Canal+. En revanche, un directeur délégué de l'information sera nommé et il devrait être issu de la rédaction. Le cas Morandini n'est, également pas réglé. Le patron du groupe propriétaire de Canal+ Vincent Bolloré a obtenu qu'il revienne sur la chaîne, mais aucun journaliste de i-Télé ne sera contraint de travailler pour son émission et cette dernière sera strictement encadrée, comme l'avait souhaité le Conseil supérieur de l'audiovisuel. Les journalistes ont été rassurés également que la chaîne d'information ne déviera pas sa ligne éditoriale de hard news pour aller vers le divertissement. Enfin, la revendication de la signature d'une charte d'éthique et de la mise en place d'un comité d'indépendance peut être vue comme une concession de la direction. Mais leur existence deviendra obligatoire du fait de la promulgation, mardi 15 novembre, de la proposition de loi sur l'indépendance des médias. Après 31 jours de grève, la chaîne i-Télé a vu son audience toucher le fond, la chaîne a raté les deux grands rendez-vous de l'actualité: le débat des primaires de droite et l'élection de Donald Trump en tant que président des Etats-Unis. Une vingtaine de journalistes dont Amandine Begot et Guillaume Auda qui présentaient notamment Lundi Investigation sur Canal+ ont annoncé qu'ils quittaient la chaîne. Celle-ci devra maintenant reprendre du service pour récupérer des parts d'audience à ses concurrentes BFM TV, LCI et France Infos qui se sont partagées le gâteau. La direction de la chaîne va faire des économies importantes pour limiter les pertes annuelles qui s'élèvent à 25 millions d'euros. Le nouveau défi de la chaîne est de continuer à faire de l'information de qualité avec moins de moyens. La grève de i-Télé a été un sérieux avertissement au propriétaire du groupe Vincent Bolloré qui, depuis son installation à la tête du conseil d'administration, n'a pas cessé de multiplier les gaffes et les erreurs de casting. Même si i-Télé n'est qu'une partie du grand groupe Canal+, cela ne saurait réduire les pertes du groupe qui se chiffrent à des millions d'euros. [email protected]