Il se dégageait un consensus par lequel le projet du ministre de l´Energie passera comme une lettre à la poste. L´hémicycle Zighoud-Youcef a retenti hier sous la houleuse sortie de la pasionaria du Parti des travailleurs qui n´a pas raté l´occasion de la séance plénière consacrée au débat général sur le controversé projet de loi sur les hydrocarbures pour décocher des flèches de Parthe à l´encontre du ministre de l´Energie et des Mines et sur son texte qu´elle a fortement décrié. "Ce texte, a-t-elle soutenu, instaure un système de privilèges". Pour la farouche opposante, la mouture qui institue la libéralisation du secteur de l´énergie "est en totale contradiction avec les articles 1, 13,12 et 17 de la Constitution. Je suis surprise et inquiète, a-t-elle martelé, du danger que représente une pareille démarche. M.Chakib Khelil est à l´origine du désastre qui s´est produit en Argentine. Cette même loi a été appliquée dans ce pays et on connaît ses néfastes retombées sur la société toute entière." Cette phrase a provoqué un rire dans les travées. Se référant au discours du président de la République prononcé à la tribune de l´Ugta le 24 février dernier à faire, elle a affirmé que les propos du chef de l´Etat étaient clairs et ne souffraient aucune équivoque. "Bouteflika, a-t-elle rappelé, a bien expliqué que ce texte nous a été imposé. Il nous a demandé de résister et c´est que nous continuerons de faire". A ce sujet il faut souligner que 84 amendements ont été introduits auprès de la commission économique. Son président, M.Haloua, nous a confié que la plupart de ces amendements sont ceux proposés par le PT. Ils sont au nombre de 72, quant au reste des dispositions, elles sont l´oeuvre des quelques formations composant l´assemblée. Il faut dire que mis à part un léger couac dans les rangs du FLN provoqué par le député Boucenna qui a fustigé le texte de Chakib Khelil, en l´interpellant sur la manière d´éviter les catastrophes économiques qui ont touché la Bolivie, la Russie où l´ouverture de ce secteur a donné lieu à des ingérences dans la politique interne de ces pays, dans l´ensemble, il se dégageait un consensus par lequel le projet du ministre de l´Energie passera comme une lettre à la poste. D´ailleurs l´adoption qui devait se faire normalement selon le règlement intérieur après 48 heures, se déroule aujourd´hui. Certaines indiscrétions lient cette célérité à mettre le texte à l´approbation des parlementaires à la tenue du Sommet de la Ligue arabe. "C´est un signal fort pour les investisseurs, notamment du Moyen-Orient qui ont exprimé leur souhait d´investir dans le secteur de l´énergie et aussi pour les Occidentaux qui viendront en observateurs. Ceci dit, le vent des réformes touche de plein fouet ce secteur précis qui constitue une manne inestimable". Les débats se sont poursuivis tard dans la soirée. Les positions des trois partis composant l´Alliance présidentielle sont favorables au texte qu´ils comptent approuver sans rechigner. Pour preuve, les présidents des groupes parlementaires de ce triumvirat ont salué cette loi en insistant sur le fait qu´il faut s´éloigner du dogmatisme et s´adapter aux nouvelles mutations qui s´opèrent à travers le monde. Dans son exposé des motifs, le ministre de l´Energie et des Mines défend son projet de loi estimant que" dans le contexte mondial qui s´impose à nous, il est indispensable que la législation qui régit le secteur des hydrocarbures soit réadaptée et enrichie rapidement afin de stimuler l´arrivée des capitaux frais et des technologies nouvelles nécessaires à l´économie nationale en attente d´une croissance plus rapide et plus stable, créatrice de richesses et d´emplois nouveaux". Et d´ajouter: "L´Etat est à la recherche de ressources supplémentaires pour se désendetter et fournir aux citoyens ce qui leur dû". S´agissant de Sonatrach qui devient grâce à ce texte une entreprise commerciale, elle va se décharger de prendre sur son compte les 2 milliards de dollars d´aide à la consommation dès l´entrée en vigueur de la nouvelle loi. Chakib Khelil avance cet argument partagé par de nombreux spécialistes que "Sonatrach a besoin de se libérer de nombreuses contraintes d´ordre opérationnel et financier pour jouer pleinement son rôle de créatrice de richesses". Une démarche qui va certainement frapper les intérêts de beaucoup de rentiers.