img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P161119-08.jpg" alt=""La nature humaine m'a toujours fasciné..."" / Il y a ceux qui font du bruit pour rien et d'autres qui tracent leur chemin patiemment, tout doucement, mais sûrement. Chakib fait partie de la seconde catégorie. Scénariste talentueux, il a déjà deux courts métrages au compteur, Chakib Taleb-Bendiab, compositeur aussi et réalisateur algérien, était cette année présent à la 50e édition des Journées cinématographiques de Carthage, dans la section producer networks pour défendre son projet de long métrage «Djihad 10:24». Méconnu en Algérie, Chakib possède plusieurs cordes à son arc, il mériterait d'être connu davantage. Il est celui qui assurera le scénario du prochain film de Zakaria Ramdane qui s'est révélé grâce à «Algérie pour toujours». Désormais c'est sur «Protocole 33» que tous les efforts sont braqués. Chakib Taleb-Bendiab est scénariste sur la série britannique «Go Dark». S'il écrit pour les autres, Chakib compte bien concrétiser ses propres projets de scénarios. Garçon discret, mais bosseur, cet amoureux des séquences à rebondissement et des intrigues à sensation nous parle de son univers. Découvrons-le! L'Expression: Vous avez à votre actif un premier court métrage «Sang-froid» (disponible gratuitement sur YouTube et d'autres plateformes en ligne), tourné entièrement en France, avec des comédiens français et qui relève du style polar. Un film assez noir. Pourquoi ce choix? Chakib Taleb-Bendiab: Totalement français pas vraiment, la moitié de l'équipe est tunisienne et autre! Je voudrais rendre hommage à leur talent et leur patience, notamment Hazem Berrabah le chef opérateur et surtout Melik Kochbati le producteur qui m'a donné ma chance. Le polar ou plutôt le thriller permet une tension et un enjeu particulier dans un film laissant place à ce que je préfère, la profondeur des personnages. C'est la réflexion sur la nature humaine qui m'a toujours fasciné et m'anime encore dans mes projets, quel que soit le style de film que l'on veut faire. Vous êtes scénariste à la base. Vous avez été remarqué par Zakaria Ramdane qui vous a choisi pour l'écriture du scénario de son prochain film, sachant qu'il a reconnu le manque de consistance du scénario de son premier long-métrage «Algérie pour toujours» et aimerait en avoir un de mieux élaboré pour le prochain. Un mot sur la trame de ce film d'action et comment comptez-vous procéder pour capter le public avec? J'ai été ravi d'être contacté et j'ai beaucoup de plaisir à travailler avec Zakaria Ramdane et son directeur de production Mehdi Hadjadj, qui, pour moi, inspirent le respect pour ce qu'ils font et l'énergie qu'ils déploient pour le cinéma algérien. J'espère avoir répondu à leurs attentes avec «Protocole 33», un scénario d'action certes, mais que l'on a voulu volontairement décaler avec des touches d'humour tout en gardant quelques codes du thriller (comme une course-poursuite par exemple...). C'est l'histoire de deux agents algériens que tout oppose, l'un est bourru et l'autre bon vivant, ils doivent faire équipe tant bien que mal pour retrouver le fils d'un ministre qui a mystérieusement été enlevé. Cela va mettre en lumière un complot beaucoup plus vaste d'Alger à Dubai en passant par Paris et le Sahara... Un scoop: le titre du film, «Protocole 33», fait allusion à l'Algérie comme étant le 33ème pays sur une liste de pays à déstabiliser... C'est une fierté d'avoir un grand réalisateur comme Jean-Baptiste Jay (réalisation de cascades et 2ème équipe dans «Captain America», «Die Hard 4» et les films de Luc Besson) et bien-sûr une star comme Jean-Claude Van Damme qui nous a rejoints, il est très pressé de venir en Algérie d'ailleurs et j'espère vous étonnera dans le rôle qu'on lui a concocté! Vous étiez présent cette année aux JCC dans la section Producer networks avec le scénario d'un film à trois histoires appelé «Djihad». Un vrai challenge d'autant que l'histoire est censée se dérouler dans trois pays. Tout d'abord pourquoi ce sujet qui a pour point de démarrage l'Algérie? J'aimerais remercier l'organisatrice Lynda Belkhiria des JCC et plus généralement le peuple tunisien pour son accueil chaleureux et son amitié qui ont fait chaud au coeur. Les grands peuples sont toujours ceux qui ne ratent pas leur rendez-vous avec l'Histoire. L'Algérie en a payé un prix très lourd et c'est de là d'où est partie l'idée du film. J'ai eu la chance d'avoir été sélectionné pour ce scénario intransigeant sur la nature humaine et malheureusement d'actualité. Les trois histoires ont l'air d'être indépendantes, mais elle sont liées: - un ancien Français d'Algérie revient après 50 ans à Alger en demandant de l'aide pour retrouver son fils «converti» qui est censé être dans un camp d'entraînement en Libye. - dans le même temps en Belgique un réseau géré par une soeur et son frère envoient des jeunes en Syrie/Irak et bien-sûr en Libye. - enfin, un agent de la CIA basé à Istanbul a pour mission de retrouver une taupe silencieuse depuis peu... Ces trois histoires nouées, à la fin unique, nous éclairent, sans jugement aucun je l'espère, un peu mieux sur notre avenir à tous des deux côtés de la Méditerranée et au-delà. Nous sommes submergés par des informations et pourtant souvent impuissants. L'explication géopolitique ne suffit plus. Je pense que le cinéma permet un éclairage différent car on pleure, on rit et on déteste en même temps que les personnages et cela reste une force magique. Comment s'est déroulé l'atelier aux JCC et avez-vous trouvé ce que vous cherchiez là-bas? Je ne m'attendais pas à faire des rencontres aussi instructives avec des producteurs et cinéastes de haut niveau et de pays très variés pour ce 50ème anniversaire des JCC. Des rendez-vous sont pris et on verra bien! Pour l'instant ce qu'il y a de concret c'est le tournage très bientôt d'un court métrage en Tunisie où un archéologue est convaincu d'avoir trouvé une tribu perdue de samouraïs africains... Un film d'aventure produit par Melik Kochbati et avec Brice Fournier («Sang-froid») et qui me tient beaucoup à coeur. Il fait référence à un long métrage déjà écrit. Une dernière question, en plus de l'écriture de scénario, vous êtes aussi musicien, même si pour le moment vous laissez cette partie entre parenthèses. Peut -on connaître vos autres projets? J'ai énormément mûri grâce à la musique, notamment avec mon dernier groupe «Dwana» avec Adel Benadouda et Rochdi Bessaih (qui fait des toiles magnifiques à Alger). Mais je continue à composer et je trouve mon bonheur dans les musiques de film. Je pense que c'est un tout, l'écriture, la musique et l'image ne font qu'un. D'ailleurs, souvent lorsque je prépare un film que j'écris, j'envoie la musique avec le scénario, cela permet de ressentir plus précisément l'univers et le message.