L'histoire vue par de jeunes cinéastes ainsi que le conflit et les violences en Palestine étaient au cœur de la 24e édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC 2012) qui se sont clôturées dimanche soir dernier à Tunis.La majorité des œuvres étaient des réécritures de faits historiques, selon la lecture et les recherches effectuées par de jeunes cinéastes arabes et africains qui, pour la majorité, n'ont pas assisté aux évènements qu'ils traitent. Bousculades, 9 avril 1938, coréalisé par les Tunisiens Sawssen Saya et Tarak Khaladi ou Président Dia du réalisateur sénégalais Ousmane William Mbaye, tous deux primés à ces JCC, illustrent cette réappropriation de l'histoire par une jeunesse qui souhaite forger ses propres idées.Selon les propos du grand cinéaste palestinien Rashed Masheharawi, président du jury de la section du court métrage, cette édition a été par le contenu des œuvres en compétition, l'édition de la Palestine sans que rien ne soit prévu dans ce sens, ce qui dénote de l'intérêt que porte la jeune génération de cinéastes à la cause palestinienne. En dehors de la soixantaine d'œuvres en sélection officielle et de la multitude de projections hommage et hors compétition, les 24e JCC ont battu tous les records d'affluence, avec pas moins de 100 000 entrées vendues sur les 13 salles qui ont accueilli les projections. Avec la création du Fonds panafricain pour le cinéma et l'audiovisuel (Fpca), présidé par le cinéaste tunisien Farid Boughdir, les JCC ont réalisé le rêve de plusieurs générations de cinéastes africains : le soutien financier et l'appui technique qui souvent pénalisent la production cinématographique et audiovisuelle africaine. Les JCC ont également marqué un autre point avec l'instauration pour cette 24e édition d'un «Marché du film» qui facilite aux cinéastes maghrébins l'accès aux organisateurs de festivals européens. Ce faisant, le rendez-vous cinématographique se place désormais comme négociant en exportation d'œuvres arabes et africaines et comme alternative de distribution. Par ailleurs, «Sept jours pour un film», une nouvelle opération installée en Tunisie dans le cadre des JCC, représente avec le «Producer's network» (réseau de producteurs) une solution de formation et d'encadrement, voire de production pour les jeunes cinéastes arabes et africains porteurs de projets. Outre les subventions et formations officielles, les JCC sont le centre de gravité de toutes les organisations, fédérations et fondations qui s'intéressent au cinéma et organisent dans le cadre des JCC des concours d'écriture ou des présentations de projets aux fins de financement des meilleures propositions. Le retour aux fondamentaux des Journées cinématographiques de Carthage s'est fait avec cette 24e édition qui marque la renaissance des JCC puisque c'est la première édition «post-révolution». APS