Cette nouvelle hausse se justifie par le fait que le marché se prépare à une éventuelle pénurie de brut au deuxième semestre. En dépit de l'augmentation de l'Opep de son plafond de production de 500.000 barils jour atteignant ainsi les 27,5mbj, les prix de l'or noir poursuivent leur hausse. Ainsi, les cours du pétrole brut ont fini en hausse, vendredi à New York, à 56,72 dollars le plus haut niveau de clôture jamais enregistré. Sur le marché de Londres, le baril de Brent a terminé sur un gain de 53 cents à 55,59 dollars. Selon les analystes, cette nouvelle hausse se justifie par le fait que le marché se prépare à une éventuelle pénurie de brut au deuxième semestre alors que l'Opep paraît sans ressources face à la vigueur de la demande. «Nous nous préparons à un déficit de la production pendant la deuxième moitié de l'année», explique un opérateur. Cet avis est d'ailleurs partagé par Mike Fitzpatrick, analyste chez Fimat: «Il y a beaucoup de pétrole à l'heure actuelle, mais aux troisième et quatrième trimestres, l'offre risque de ne pas suffire à satisfaire la demande», a-il souligné. D'autres analystes vont plus loin et n'écartent pas l'éventualité de voir le prix du baril à 60 dollars. «C'est sûr que les cours vont monter jusqu'à 60 dollars, reste maintenant à savoir si sera d'un coup ou s'ils vont commencer par rebaisser» a indiqué Jamal Qureshi, analyste de PFC Energy. Cependant, pour M.Qureshi, cette décision dépend des investisseurs qui «hésitent entre pousser le brut au prix indiqué ou prendre leurs bénéfices». Cette flambée historique est alimentée, selon cet analyste par «la peur du deuxième semestre et d'une possible pénurie du pétrole en fin d'année.» D'autant plus que, selon les dernières estimations de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep), publiées jeudi dernier, la demande mondiale devrait croître de 2,3% en 2005, soit 1,9 million de barils par jour à 84 mbj. Elle pourrait atteindre près de 86 mbj au quatrième trimestre, en raison d'une forte demande chinoise, notamment selon le cartel. Or la production mondiale pourrait au mieux atteindre 83 mbj lors de cette période, selon les analystes, ce qui formerait un déficit de 3 mbj minimum, selon les chiffres de l'Opep. Le cartel s'est dit prêt à produire si besoin est, plus de 30mb/j au quatrième trimestre. Toutefois, des experts estiment que même si les pays exportateurs de pétrole avaient les moyens d'inonder le marché de brut, le monde ne disposerait pas des capacités de raffinage suffisantes pour réellement faire baisser les prix. «Même si l'Opep était capable d'augmenter sa production au-delà des précédents sommets, il n'est pas sûr que les raffineurs seraient capables de traiter ce brut supplémentaire» indique une récente analyse de recherche de Goldman Sachs. D'après la banque d'affaires, l'insuffisance des capacités de raffinage dans le monde est d'autant plus criante que l'un des seuls pays capables d'augmenter sa production facilement, l'Arabie Saoudite, produit un brut très lourd et à forte teneur en soufre. Il a donc besoin d'être beaucoup raffiné pour pouvoir être utilisé.