L'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed, a confirmé samedi soir le rétablissement d'une trêve de 48 heures renouvelée automatiquement si respectée dans le pays avec des assurances de toutes les parties yéménites de leur réengagement à l'égard des conditions de la cessation des hostilités du 10 avril 2016. Celles-ci incluent l'obligation de permettre un accès libre et sans entrave pour les fournitures et le personnel humanitaires à toutes les parties du Yémen, en plus d'une cessation complète des activités militaires de toutes sortes. La nouvelle trêve qui a débuté samedi à 9h00 GMT, a été réclamée par le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, dans une lettre au roi Salmane d'Arabie saoudite, dont le pays est à la tête d'une coalition qui, depuis mars 2015, soutient les autorités yéménites face au mouvement armé des Houthis, et «en adhésion aux efforts de l'ONU et de la communauté internationale pour rétablir la paix au Yémen». Elle a été décrétée alors qu'un cessez-le-feu devant débuter jeudi à l'initiative du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, avait été rejeté par les autorités yéménites. Une source proche du président yéménite a expliqué que «des pressions internationales ont été exercées pour une trêve et une reprise des négociations de paix». Six tentatives de cessez-le-feu au Yémen ont jusqu'ici échoué. La précédente, annoncée sous l'impulsion de Washington, de Londres et de l'ONU pour le 20 octobre, avait volé en éclat dès son entrée en vigueur. L'ONU a invité hier toutes les parties yéménites, la région et la communauté internationale «à encourager le plein respect de la cessation nationale des hostilités au Yémen et à veiller à ce qu'elle induise à une fin permanente et durable du conflit». Mais, la coalition dirigée par Riyadh a prévenu que ce cessez-le-feu sera renouvelé si les rebelles houthis le respectent et laissent passer de l'aide humanitaire dans les villes qu'ils assiègent, comme Taëz. De même pour les Houthis, qui ont averti qu'ils observeraient la trêve, à condition que «l'autre partie la respecte». Or, la trêve est nécessaire pour éviter d'autres effusions de sang et des destructions et permettre l'acheminement de l'aide humanitaire. Pour Jens Laerke, porte-parole du bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), le respect de la trêve pourrait donner aux organisations humanitaires «l'opportunité» de répondre aux besoins des populations dans des zones isolées ou difficiles d'accès. Par ailleurs, l'envoyé onusien, Ismail Ould Cheikh Ahmed, a salué les engagements pris par les deux parties de réactiver le Comité de désescalade et de coordination (CDC), et de déployer ses membres à Dhahran Al Janoub. Les membres du CDC travailleront avec des experts de l'ONU qui ont déjà été déployés pour relancer le travail du CDC d'appui de la cessation des hostilités. Sur le terrain, des combats sporadiques ont opposé, quelques heures après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu samedi, les forces loyalistes à des éléments du mouvement armé des Houthis autour de Taëz, troisième ville du Yémen, où des dizaines de personnes ont été tuées cette semaine, tandis qu'un calme relatif était de retour sur d'autres fronts. D'après des sources concordantes, trois civils, quatre rebelles et deux combattants loyalistes ont été tués au cours des affrontements qui ont opposé les deux parties. Plus au Nord, près de la frontière saoudienne, «deux missiles balistiques tirés par les rebelles ont tué deux soldats progouvernementaux et blessé quatre autres dans la zone côtière de Midi», selon un commandant militaire cité par les médias.