«Je suis prête à confronter Chakib Khelil dans un face-à-face télévisé». La porte-parole du PT a chargé le ministre de l'Energie et des Mines au cours d'une conférence de presse animée, hier, au siège du parti. Elle l'accuse de recevoir ses consignes des Etats-Unis. Pour elle, si «les amendements introduits par les députés ont été tous rejetés, c'est parce que la loi ne supporte pas de modifications. Elle a été conçue de telle façon qu'elle ne tolère aucun changement». En écorchant le ministre d'un ton acerbe, elle l'a vilipendé en le taxant d' «expert international qui travaille pour le compte de la Banque mondiale et du FMI. C'est lui qui est à l'origine du désastre qui s'est produit en Argentine. Cette loi est américaine, elle a été élaborée par le bureau d'étude Roberts contrairement aux lois de 1989 et 1991. Il nous a affirmé que Sonatrach ne sera pas privatisée, or ce texte va la contraindre à disparaître». La pasionaria a expliqué que l'entreprise du pétrole ne tiendra pas le coup devant les grosses cylindrées. «Sonatrach, s'est-elle alarmée, sera incapable de rivaliser avec la concurrence, comment pourra t-elle être compétitive avec Shell, Ally Burton qui est un grand corrompu». Campant sur sa position, elle invite le ministre à un «duel» sur la Chaîne nationale. «Je suis prête à confronter Chakib Khelil dans un face-à-face télévisé». Et d'ajouter: «Nous battrons en brèche tous ses arguments, preuves à l'appui. Quand il dit que cette loi ne conduit pas à la privatisation, ce n'est ni plus ni moins qu'une contrevérité. Cette loi fait sauter l'article 1 de la Constitution car elle consacre le système des concessions.» Les députés de l'APN n'ont pas été épargnés par le verbe incisif de l'opposante de gauche qui estime que la loi votée par les parlementaires de la première chambre «est illégitime, a-t-elle martelé, en précisant que le texte a été expédié en 24 heures. Une loi aussi importante qui engage toute la nation n'a même pas bénéficié d'une concertation avec l'ensemble des concernés. La télévision n'a pas transmis les débats pour que les citoyens puissent prendre conscience de la gravité de ce qui se trame contre le pays. Nous sommes des acteurs et non des témoins». L'Histoire retiendra, a-t-elle insisté, qu'en date du 20 mars qui coïncide avec la fête de la Victoire que des députés ont osé lever la main pour adopter une loi qui dépossède la nation de ses richesses. «Les députés ont voté sans conviction, certains ont préféré s'absenter durant la séance du vote. Rares sont ceux comme Boucenna un député FLN qui ont rejeté le texte. Ils ont endossé un crime envers la nation au nom du peuple, ils ont décidé du transfert de la propriété collective aux multinationales». Répondant à nos questions concernant le fait que Chakib Khelil ne fait qu'appliquer les réformes économiques et donc le programme du président et si ce n'est pas là une attaque indirecte contre le chef de l'Etat par le truchement de son ministre de l'Energie, elle a rétorqué que «le président de la République avait bien expliqué que ce texte nous a été imposé.Il nous a clairement signifié que libre à nous de ne pas l'accepter». A ce sujet elle propose que la mouture fasse l'objet d'un référendum à condition de la soumettre à un large débat populaire. Concernant l'absence du plus farouche opposant au texte et non moins pourfendeur de Chakib Khelil des joutes parlementaires, Badredine le SG de la fédération des pétroliers, elle dira qu'il se trouve en mission en Egypte ! Elle dira aussi que le OK de la direction de l'Ugta n'exprime en rien la position de la base. Sur un autre chapitre, elle évoquera la situation en Irak et le conflit au Proche-Orient avec la sempiternelle guerre en Palestine au sujet de laquelle elle compte interpeller dans une lettre les chefs d'Etat qui seront présents au Sommet de la Ligue des Etats arabes. L'oratrice a fait le lien entre la tenue du Sommet de la Ligue arabe et la présence du Snmg 2, le groupe naval permanent de la force de réaction de l'Otan qui a séjourné pendant quatre jours avant de quitter hier la côte algéroise. Cette présence des huit frégates composant le groupe militaire n'est pas fortuite selon elle. Sans aller dans le détail, elle laisse la porte ouverte à toutes les supputations, suggérant que les représentants de l'Otan attendent un signe fort du cénacle arabe. Elle affirme que le Sommet ne doit pas constituer le point de départ de la normalisation avec l'Etat hébreu.