Abdelkader Messahel «Le Maroc a demandé le retrait de la Rasd avant de demander le report du sommet. Il ne l'a pas obtenu!», a déclaré Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe. L'offensive dictée par le Palais royal avait pour objectif de diviser l'Afrique et faire voler en éclats, la jeune République sahraouie, l'éjecter de sa famille originelle dont elle est membre à part entière depuis 1982. La manoeuvre devait avoir l'effet d'une bombe. Ce fut un pétard mouillé. L'étincelle a été allumée lorsque le Maroc avait annoncé avec fracas son retrait du 4ème Sommet afro-arabe après avoir vu l'emblème sahraoui trôner à l'occasion de cet événement. «Un drapeau de l'entité fantoche (la République sahraouie, ndlr) a été installé à l'intérieur des salles de réunion», avait indiqué le ministère marocain des Affaires étrangères dans un communiqué publié le 22 novembre. Cela a suffi pour que la diplomatie royale accuse un coup de sang. La délégation marocaine décide de se retirer. «L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn, le Qatar, le Sultanat d'Oman, la Jordanie, le Yémen et la Somalie», se sont joints à cette «opération» selon le département marocain des Affaires étrangères. «Tous ces pays ont soutenu la position (marocaine) claire et conforme aux principes du droit international et à leur tête le respect de la souveraineté des pays et de leur intégrité territoriale», a ajouté la même source. Les médias marocains se sont emparés de l'information et se sont chargés de l'enfler au point d'y voir dans cette nouvelle incartade de notre voisin de l'Ouest un vaste mouvement d'une ampleur inégalée. Qu'en est-il exactement? «Tous les pays membres de l'Union africaine ont pris part à ce forum. Il faut également noter que les deux-tiers des pays membres de la Ligue arabe ont participé à ce sommet», a déclaré Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe qui a représenté le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à ce 4ème Sommet arabo-africain qui s'est tenu du 22 au 24 novembre à Malabo, capitale de la Guinée équatoriale. «Dans ce forum qui regroupe une soixantaine de pays, sept se sont retirés. Mais 54 pays africains et les deux-tiers de la Ligue arabe étaient présents.» a t-il précisé pour ramener ce non-événement à sa juste proportion. L'Algérie «dégonfle» la manoeuvre marocaine. L'échec est cuisant. La requête et les vociférations marocaines ont été sanctionnées par une fin de non-recevoir. «Le Maroc a demandé le retrait de la Rasd avant de demander le report du sommet. Il ne l'a pas obtenu!», a confié Abdelkader Messahel, cité par l'APS. Leur dessein inavoué de diviser l'Union africaine a carrément avorté. «Nous continuerons à soutenir les peuples palestinien et sahraoui jusqu'à ce qu'ils recouvrent leurs droits nationaux», a indiqué Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l'Union africaine. L'Afrique a fait bloc. Elle s'est levée comme un seul homme contre le chantage marocain. «L'Afrique a démontré de la manière la plus unanime que les principes et fondements de son union ne sont pas négociables quel que soit le partenaire. Elle a également démontré sa maturité, sa cohésion et son unité quand il s'agit de défendre les idéaux autour desquels elle s'est construite», a indiqué le représentant du chef de l'Etat. «La République arabe sahraouie démocratique (Rasd) est un membre fondateur de l'Union africaine. Et aucune adhésion ne peut se faire au détriment du principe fondateur de l'Union africaine. Je crois que tout le monde a bien reçu le message et tout le monde doit bien en tirer les conséquences», a souligné Abdelkader Messahel. Le Maroc est averti. La question du Sahara occidental est sacrée pour l'Afrique. Le Maroc sait à quoi s'en tenir. «C'est le dernier avant-poste de l'occupation coloniale en Afrique, qui doit être démantelé dans l'accomplissement de la vision des pères fondateurs, à lutter pour une Afrique pleinement indépendante et souveraine», avait déclaré Robert Mugabe, président du Zimbabwe et précédent président en exercice de l'Union africaine lors de la célébration des 52 ans de la fondation de la défunte Organisation de l'Unité africaine (OUA). «Il reste une tâche à accomplir, parce que la mission émancipatrice de l'OUA (rebaptisée UA, ndlr) a été accomplie à l'exception de la région du Sahara occidental», avait souligné pour sa part la présidente de la Commission de l'Union africaine Nkosazana Dlamini-Zuma. Des messages en guise d'avertissements que le Maroc a feint d'ignorer. La gifle a été retentissante encore une fois. Gare au coup de pied...