Les privatisations vont coûter 650 milliards de dinars au Trésor public. Toute la question est de savoir combien elles vont lui rapporter. Dans une interview accordée à Jeune Afrique l'Intelligent, M.Boukrouh, ministre de la Privatisation, reprend son bâton de pèlerin pour expliquer et convaincre, promettre et jurer que «c'est la dernière fois que l'Etat paie pour les entreprises publiques». Sur 1.400 entreprises publiques, «seules trois sont arrivées à ouvrir en partie leur capital au privé». Les obstacles sont nombreux et parfois visibles. «Certaines entreprises avaient entamé le processus et au dernier moment, on s'est rendu compte qu'elle n'avaient pas de titre de propriété foncière et immobilière». Mais l'optimisme qu'affiche M. Boukrouh quant à «l'engouement des investisseurs pour l'entreprise algérienne», doit être un peu modéré par la situation du syndicat algérien, que l'ensemble des étrangers trouve «trop puissant, présent dans le social, l'économique et le politique...». En outre, «le dirigisme» que M. Boukrouh reproche à l'ancienne administration, l'inefficacité des holdings, sont reproduits dans les Sociétés de gestion du patrimoine (SGP), émanation d'une tutelle omniprésente. M.Boukrouh estime que «ni le cadre gestionnaire ni l'entreprise ne sont en cause», dans l'incapacité du secteur public à se relever. Il explique la logique du déficit par «un manque de courage politique» de la part du pouvoir algérien face aux risques d'explosion sociale. «L'entreprise faisait plus dans l'humanitaire que dans la rentabilité économique». Désormais, «tout va changer», explique le ministre de la Participation. D'abord, «la prudence sémantique n'est plus nécessaire, les représentants des travailleurs ont admis que toute interprétation est une mystification politique». Ensuite, «les deux ordonnances ne sont pas le fruit du travail de fonctionnaire...», ce qui pourrait donner à leur mise en oeuvre la transparence qui a toujours fait défaut dans le processus de réformes. Si Boukrouh semble savoir ce que la privatisation coûtera au Trésor public, aux travailleurs, il ne nous dit pas ce qu'elle va rapporter. Selon une projection faite par l'ancien Conseil national de la participation (Cnpe), «une privatisation bien conduite, pourrait rapporter 20 milliards de dollars sur les quinze ans».