Dissolution des holdings, création du CPE, mise en place de l'agence de l'investissement, les nouvelles ordonnances introduisent de nouvelles méthodes pour la privatisation. «Il ne s'agit pas de donner nos entreprises à l'ennemi!». C'est émaillée de son habituel humour caustique que s'est tenue, hier, la conférence de presse donnée par M.Noureddine Boukrouh, ministre de la Participation et de la Coordination des réformes et en présence de M.Hamid Temmar, ministre du Commerce et ancien ministre de la Participation. M.Boukrouh avait tenu à inviter son prédécesseur pour faire taire toutes les rumeurs autour de la paternité des textes de loi, mais aussi pour affirmer clairement que la solidarité gouvernementale est une réalité. S'agissant de l'ordonnance 01-04 signée par le Président de la République lundi dernier relative à l'organisation, la gestion et la privatisation des entreprises publiques économiques, les deux ministres ont été unanimes à affirmer qu'il s'agit plus de sauvetage des entreprises publiques déstructurées que, comme se plaisent à le dire certains, de bradage. En effet et après avoir insisté sur la définition exacte des concepts de privatisation et de participation, M.Boukrouh s'est beaucoup appuyé sur l'exemple d'El-Hadjar, qui a vu l'introduction d'un groupe indien à hauteur de 70% du capital et a pu ainsi sauver 13.500 emplois. «Notre souci n'est pas de privatiser pour privatiser, mais de mettre en condition les entreprises publiques afin de leur permettre d'évoluer et de devenir plus performantes», a tenu à préciser le ministre. Après avoir rappelé que l'endettement de nos entreprises remonte aux années 70 et que les différentes tentatives d'assainissement ont coûté au Trésor public 60 milliards de dinars pour la période 1983 - 1987 et 1200 milliards de dinars de 1991 à 2001, Boukrouh s'est longuement expliqué sur les bienfaits attendus par la participation de capitaux nationaux et étrangers sur l'ensemble de la vie économique du pays incluant par là même le secteur privé dans sa revitalisation. «Pour ce faire, le facteur temps est capital», a déclaré Boukrouh comme pour mieux répondre au choix du recours aux ordonnances. Autre sujet abordé: la dissolution des holdings qui voient désormais leurs prérogatives transférées au CPE (Conseil des participations de l'Etat), qui, lui-même, remplace le Cnpe. Il faut savoir que ces holdings laissent une «ardoise» de 630 milliards de dinars représentant leur endettement total. Avec l'adoption de l'ordonnance sur la privatisation, ce sont deux textes qui ont été fusionnés. Celui d'août 1995 (95-22) sur la privatisation et celui de la gestion des capitaux marchands de septembre 1995. Il faut dire que depuis cette année-là, peu de choses ont été réalisées dans ce domaine. Bien que les trois quarts du temps de la conférence de presse aient été consacrés à la privatisation, nous apprendrons que le guichet unique en matière d'investissement voit enfin le jour par le biais de l'Agence nationale du développement de l'investissement (Andi) qui prendra progressivement l'actif de l'Apsi. Quant à la création des zones franches, celles-ci sont renvoyées à plus tard. Dès la mi-septembre, le CPE tiendra sa première réunion. Si la privatisation bénéficie d'une accélération réelle, l'investissement traîne encore des «boulets» tel le foncier qui est loin d'être réglé. Une «jungle» qu'il faudra bien pourtant débroussailler. Quelle relance, sinon?