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148,9 milliards de dollars de réserves de changes à fin décembre 2009 Le gouverneur de la Banque d'Algérie dresse le bilan de la politique financière et monétaire
L'Algérie a «résisté» aux effets de la crise financière, ses avoirs extérieurs sont «en amélioration» et les placements à l'étranger ont «atténué» le choc extérieur, c'est le propos de Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie au cours d'une réunion jeudi dernier avec les P-DG des banques publiques et étrangères exerçant en Algérie. Mohamed Laksaci a présenté à cette occasion la note de conjoncture du second semestre 2009. Il a expliqué que les réserves de changes dont dispose notre pays ont servi de «sauvegarde» dans cette crise. Au second semestre 2009, il a été enregistré cinq cent vingt millions de dollars d'excédent, c'est peu, mais acceptable par rapport à des pays qui ont enregistrés des «déficits nets», commente le gouverneur de la Banque d'Algérie. Cette faible marge dans la balance courante résulte de la chute des cours de pétrole, rappelle-t-il. Il est vrai que du fait de la crise financière ayant prévalu en 2008 et en 2009, les prix de l'or noir ont fortement baissé et que les pays pétroliers dont l'Algérie en ont subi les répercussions. En 2009, les recettes pétrolières de l'Algérie ont diminué de moitié. Mais, la tempête semble passée. Et, le retour à l'équilibre est perceptible. Les réserves de changes se sont établies à 148,9 milliards de dollars à fin décembre 2009, un matelas en devises qui recouvre trente-six mois d'importations de biens et services. Mohamed Laksaci a donné la répartition des réserves de changes par devises : c'est quarante-six pour cent en dollars, quarante-deux pour cent en euros, le reste étant constitué d'autres monnaies étrangères. Il a parlé également des placements à l'étranger qu'il juge rentables sans pour autant les quantifier. Ce sont des placements «au risque zéro», ils ont produit des revenus intéressants, malgré le fait que le contexte international ait été «défavorable», juge-t-il. Les réserves de changes, l'Etat en a fait «bon usage», déclare le gouverneur de la Banque d'Algérie, qui s'est attardé sur la politique de change et des devises, expliquant que la contrepartie de ces réserves se retrouve dans l'économie nationale, au niveau des dépôts de Sonatrach auprès de la Banque extérieure d'Algérie et des dépôts des autres agents économiques non financiers auprès des banques. Et d'ajouter : «L'utilisation des réserves de changes détenues par la Banque d'Algérie et par les agents économiques résidents passe par l'achat de ces réserves sur le marché interbancaire des changes contre la monnaie nationale pour répondre à leurs obligations de transfert vers l'étranger, soit au titre de leurs payements courants (importation de biens et services), ou de remboursements d'emprunts et investissements à l'étranger». Dans le marché interbancaire, la Banque d'Algérie est l'offreur principal de devises et c'est dans ce marché que se détermine le taux de change. Le taux de change «s'est apprécié» en 2008, il «s'est déprécié» en 2009, avance Mohamed Laksaci. Dans le même chapitre de la politique des changes, il a ajouté qu'en vertu de la réglementation des changes en vigueur en Algérie, les devises rapatriées par les agents économiques au titre des exportations de biens et services sont cédées à la Banque d'Algérie (à hauteur de 100% pour les exportations des hydrocarbures, à 50% pour les exportations hors hydrocarbures et à 50% pour les exportations de services) contre la monnaie de la Banque d'Algérie. Ainsi, les devises achetées, nettes de ventes des devises effectuées sur le marché interbancaire de changes au profit des agents économiques résidents pour répondre à leurs obligations de transfert vers l'étranger, alimentent les réserves officielles de change détenues par la Banque d'Algérie. Si les banques centrales de par le monde détiennent les avoirs extérieurs et accumulent les réserves de changes principalement pour des raisons de politique des changes et de prévention de crise, l'accumulation des réserves officielles de changes par la Banque d'Algérie entre 2004 et 2008 a constitué, selon Mohamed Laksaci, un «important» élément de «sauvegarde» contre les chocs externes (baisses des recettes d'exportation et/ou sorties soudaines de capitaux résultant de la grave crise financière internationale. Les réserves officielles de changes détenues par la Banque d'Algérie qui sont «les créances» sur les pays émetteurs des devises, constituent la «garantie» de toute la masse monétaire (en dinars) dans l'économie nationale, c'est-à-dire en possession des agents économiques (Etat, entreprises et ménages), a-t-il indiqué. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a étalé une série de chiffres a ce propos, soulignant ainsi que les réserves officielles de changes se retrouvent, selon les données de fin décembre 2009, «en ressources accumulées» par l'Etat dans le Fonds de régulation des recettes pour l'équivalent de cinquante-neuf milliards de dollars, en dépôts de Sonatrach auprès de la BEA pour l'équivalent de 10,6 milliards de dollars, en dépôt des agents économiques non financiers auprès des banques pour l'équivalent de 73,6 milliards de dollars et de quatre milliards de dollars en dépôts en devises. Mohamed Laksaci explique que dans le cadre d'une politique efficiente des allocations des ressources, portée par une intermédiation bancaire solide, l'adéquation avoirs extérieurs-crédits intérieurs est conduite par la Banque d'Algérie d'une manière «prudente» dans l'objectif de stabilité monétaire et financière. Cette politique monétaire et financière aura permis de poursuivre les investissements publics, en temps de crise, parce que la question qui faisait débat en 2008, au fort de la crise, c'était de savoir : l'Algérie a-t-elle les moyens de financer les projets qu'elle a initiés ? La preuve en est que les crédits à l'économie ont augmenté, de manière générale. En proportion, le relèvement est de 18,5% au deuxième semestre 2009. Ces crédits, les PME «n'en ont cependant pas assez bénéficié», regrette le gouverneur de la Banque d'Algérie. Sur un autre plan, il souligne que le compte capital a enregistré de bons résultats, mais il n'en dit pas davantage. Y. S.