Ahmed Ouyahia Le ministre des Finances a reconnu que l'état perd beaucoup d'argent dans les subventions qui profitent à toutes les couches sociales tout en affirmant que «le système actuel est à l'origine du gaspillage». L'opposition n'est pas la seule à avoir critiqué le choix du gouvernement. Les partis de la coalition affichent également leur mécontentement sur les orientations de l'Exécutif. Les chefs des groupes parlementaires des deux partis majoritaires, qui sont intervenus hier, ont soutenu le projet de loi tout en émettant quelques remarques critiques envers le gouvernement. «Le gouvernement doit s'éloigner des solutions faciles pour éviter le recours une nouvelle fois à l'endettement extérieur», a affirmé le chef du groupe parlementaire du RND, Abdelmadjid Bouziane. Tout en justifiant les dispositions prises dans le projet de loi au regard de la conjoncture économique difficile, le représentant du RND invite le gouvernement à veiller au contrôle des fluctuations du marché international pour prendre des dispositions efficaces et éviter que les conséquences soient négatives sur le citoyen. Le RND demande au gouvernement d'être ferme dans l'application de son plan d'action pour les trois années à venir. «Il y a une urgence d'engager la réforme des fiscalités pour plus de rigueur dans la lutte contre l'évasion fiscale et le blanchement d'argent», a-t-il insisté en appelant toutefois à une gestion ciblée des politiques de subventions. Le RND a fustigé l'opposition qui a mené une campagne de dénonciation du projet de loi sans pour autant proposer des alternatives. De son côté, le chef du groupe parlementaire du FLN, Mohamed Zoubiri, qui a réitéré le soutien du parti au projet, n'a pas omis d'émettre quelques observations. «Il faut que le gouvernement cherche des sources de financement pour maintenir les équilibres financiers avant de passer à l'augmentation de la TVA», a-t-il relevé en citant, dans ce sens l'évasion fiscale et le marché informel qui représentent des pertes estimées à des milliards de dollars. Ce sénateur a déploré l'absence d'un système fiscal efficace qui permet d'éviter les pertes au Trésor public. Zoubiri a même insisté sur les subventions sociales qui doivent être ciblées et destinées uniquement aux couches vulnérables. Il a proposé par ailleurs, de réduire ou de supprimer les primes et indemnités perçues par certains cadres supérieurs de l'Etat et des entreprises. De son côté, le chef du tiers présidentiel, El Hachemi Djiar, a soutenu qu'il faut centrer ce débat sur le rôle de l'Etat et le marché dans la croissance économique. Il a appelé à revoir le système des subventions. Par ailleurs, dans sa réponse aux préoccupations des sénateurs, le ministre des Finances a reconnu que l'état perd beaucoup d'argent dans les subventions qui profitent à toutes les couches sociales. «Le système actuel est à l'origine du gaspillage», a avoué Hadji Baba Ammi. Ce dernier a été vivement interpellé par les membres du Conseil de la nation sur les subventions dont bénéficient les riches au même titre que les pauvres. Le grand argentier du pays admet que les transferts sociaux coûtent cher à l'état, néanmoins, il a expliqué que l'état ne pourra pas interrompre les subventions tant que la révision du système actuel n'est pas achevée. «Les subventions généralisées seront maintenues jusqu'à la révision du système actuel», a-t-il affirmé en précisant qu'une carte nationale des personnes vulnérables est en cours d'élaboration. La révision de ce système, estime l'hôte des sénateurs, va consacrer le principe de l'égalité sociale.