Problème de décolonisation, le conflit du Sahara occidental ne pourrait être réglé que dans le cadre des résolutions onusiennes. Le dégel des relations entre Alger et Rabat, à la faveur de la rencontre, à l'issue du Sommet arabe entre le président Abdelaziz Bouteflika et le roi Mohammed VI, ouvre une nouvelle phase dans les relations bilatérales. Cette rencontre pourrait amorcer un nouveau départ sur des bases plus solides, sachant que le sempiternel dossier du Sahara occidental, brandi à chaque fois par les autorités marocaines pour justifier leur fuite en avant, ne figure plus à l'ordre du jour des relations bilatérales. Pour cause, et l'Algérie l'a réitéré à plusieurs occasions, le dossier du Sahara occidental concerne les deux parties en conflit. Problème de décolonisation, cette question ne pourrait être réglée que dans le cadre des résolutions onusiennes et des accords de Houston, consistant en l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental et approuvé par les parties marocaine et sahraouie. Déjà le fait que le souverain chérifien prenne part au Sommet d'Alger et accepte le principe de la réactivation de l'UMA, en dehors du dossier sahraoui, est en soi une évolution importante chez le roi Mohammed VI. Par ailleurs, les visites croisées de hauts responsables français et espagnols en Algérie et au Maroc et la présence au Sommet arabe du président du gouvernement espagnol José Luis Zapatero et du chef de la diplomatie française, Michel Barnier, y ont certainement été pour quelque chose dans le changement d'approche du souverain alaouite par rapport au dossier du Sahara occidental. Mohammed VI est désormais conscient que seule une intégration maghrébine et un règlement de la question sahraouie dans le cadre de la légalité internationale est à même de mettre fin aux tensions entre l'Algérie et le Maroc. D'autant plus que depuis la fermeture des frontières entre les deux pays, par les autorités de Rabat sous prétexte que les auteurs de l'attentat perpétré en 1994 contre un hôtel à Oujda, seraient des Algériens, la tension n'a cessé de s'accentuer entre Alger et Rabat. Ce qui n'a pas manqué d'envenimer les relations entre les deux capitales ainsi que les liens d'amitié entre les deux peuples. Par ailleurs, la décision du Maroc d'annuler la procédure de visa pour les ressortissants algériens, d'ailleurs qualifiée de «non-événement» par notre pays, ne saurait constituer une concession. Au contraire, il aurait été plus raisonnable pour le gouvernement marocain de demander pardon, sachant que la fermeture des frontières a été prise d'une manière unilatérale, mettant l'Algérie devant le fait accompli, de surcroit dans une période des plus cruciales de son histoire. Il est donc clair que la rencontre Bouteflika-Mohammed VI constitue l'occasion de la dernière chance pour jeter les passerelles d'amitié entre les deux pays. A condition que cela se fasse dans un cadre assaini de toute rancoeur du passé.