L'engagement de l'armée marocaine dans toutes les guerres de l'Arabie saoudite, au Yémen et en Syrie, autorise quelques «familiarités» militaro-diplomatiques. Citant une chaine de télévision basée au Qatar, un site d'information rapporte que le département d'Etat américain a approuvé la vente de missiles antichars Tow 2 à l'armée marocaine. La clause de ce contrat souligne la même source, fait état d'un montant de 107 millions de dollars, qui correspond à l'acquisition par le Maroc de 1200 missiles qui inclut des équipements et des prestations. Ce pays considéré par les USA et l'Otan comme un allié proche, prétend «utiliser ces missiles pour renforcer les capacités de ses forces terrestres». En pleine crise financière, le Royaume s'autorise une facture lourde! La monarchie marocaine sera-t-elle en mesure de régler cette facture, sachant que sa dette extérieure avoisine les 30 milliards de dollars et ses réserves de changes pointent à 22 milliards de dollars. On voit, en effet, mal le Royaume s'offrir ce genre de munitions sophistiquées, sans l'aide d'un allié. Ce dernier est tout désigné. Il faut dire que depuis son entrée au Conseil de coopération du Golfe, la monarchie marocaine multiplie les dépenses militaires et envoie la facture au CCG. Un accord de défense au sein de cette structure, en sus de l'engagement de l'armée marocaine dans toutes les guerres de l'Arabie saoudite, au Yémen et en Syrie, autorise quelques «familiarités» militaro-diplomatiques. Le Maroc ne se laisse pas prier pour en tirer profit. Il est donc établi que le roi saoudien ne manquera pas de satisfaire les besoins stratégiques de son allié en matière d'armement. Le Maroc qui avait déjà, en 2014, démontré l' amateurisme de son génie militaire en positionnant ses missiles vers les pays de l'Est, l'Algérie et la Tunisie, sort une nouvelle cartouche, soit pour prétendre à un fantasme, à savoir attirer l'attention de ses voisins, soit pour lancer un message de mise en garde en ce qui concerne le dossier du Sahara occidental. Maîtrisant de moins en moins ce dossier, Rabat tente de rameuter ce qu'elle peut trouver comme allié pour «alourdir» le dossier et perpétuer le fait accompli. Cette acquisition autorisée par les USA peut également verser dans la prévention de ce pays contre le terrorisme, notamment que le Maroc figure sur la liste peu glorieuse de pays ayant le plus de terroristes au sein de Daesh. Le risque de voir le scénario syrien se renouveler dans ce pays est peut-être difficile à concevoir, mais la menace d'un retour en masse des terroristes après la chute de la ville libyenne de Syrte. Il reste que le matériel acheté par l'armée marocaine ne répond pas à ce genre de menace. La seule explication serait de dire que ces missiles sont destinés aux chars algériens, très performants, acquis auprès de l'industrie d'armement russe. Cette course aux armements suscite des interrogations. Le Maroc aspire-t-il à exhiber son lot pour masquer l'insupportable échec de ses manoeuvres à l'égard de l'Algérie pour une question relative à l'indépendance du Sahara occidental? Sinon lance-t-il un avertissement à l'égard du Sahara occidental? Pour une raison ou une autre, son rapprochement avec les Saoudiens, le sponsor par excellence du wahhabisme, la vente de ces missiles par les USA à quelques jours du départ d'Obama sont loin d'annoncer un fait insignifiant.