Les bombardements continuent... Les rebelles, tout comme l'opposition censée les représenter, n'ont pratiquement plus d'influence sur les évènements, les groupes encore au front étant dominés par Fateh al Cham (ex-al Nosra), Jound el Islam et autres factions terroristes bien connues. L'étau de l'armée syrienne s'est encore resserré davantage sur les derniers carrés d'Alep Est où sont retranchés les éléments dits rebelles, avec les quelque milliers de civils qu'ils gardent en otages pour les utiliser le cas échéant comme boucliers humains. Pilonnés sans relâche par l'artillerie de Damas, ces éléments guettent avec une angoisse profonde les efforts diplomatiques et humanitaires que leurs parrains tentent depuis des jours pour sauver ce qui peut l'être. En vain, comme on l'a encore constaté avec la réunion à Paris d'une dizaine de pays occidentaux et arabes opposés au pouvoir syrien du président Bachar al Assad. Des condamnations de pure forme, des accusations censées être extrêmes, mais sans la moindre chance d'aboutir à une quelconque mise au ban du chef de l'Etat syrien diabolisé et caricaturé à un degré tel que les attaques les plus nocives ne parviennent plus à émouvoir personne. Les Etats-Unis de Barack Obama et John Kerry viennent encore d'accuser Damas de «crimes contre l'humanité», au moment même où ils tentaient une approche de conciliation avec Moscou, dans le cadre d'une nouvelle réunion à Genève pour tenter de «sauver les rebelles» d'Alep Est. Ces derniers, tout comme l'opposition censée les représenter, n'ont pratiquement plus d'influence sur les évènements, les groupes encore au front étant dominés par Fateh al Cham (ex-al Nosra), Jound el Islam et autres factions terroristes bien connues. Ce qui a conduit, à juste titre, la Russie et la Syrie, avec ses alliés iranien et libanais(Hezbollah) à rejeter toute reconnaissance de leur prétendue légitimité en tant que représentants du peuple syrien alors qu'il s'agit massivement de mercenaires embrigadés à la faveur du mouvement terroriste qui a embrasé toute la région irako-syrienne. Il faut avoir la mémoire bien courte pour ne pas se souvenir des déclarations tonitruantes et volontiers brutales de certains ministres occidentaux des Affaires étrangères, notamment britannique et français, sur le destin du président syrien qui, à les entendre, ne tarderait pas à être pendu haut et court sur la place publique à Damas même. Ironie dudit destin, les mêmes ou leurs remplaçants courent désespérément aujourd'hui, dans tous les sens, pour trouver une issue, aussi souterraine soit-elle, à leurs supplétifs terroristes dont les prétentions se sont diluées au gré des offensives de l'armée syrienne, épaulée par ses alliés. Alep est désormais contrôlée à plus de 95% par les forces armées syriennes qui poursuivent les bombardements des quelques positions rebelles d'où sont tirés des roquettes sur les quartiers gouvernementaux qui comptent la mort de 129 civils depuis le déclenchement de l'offensive. Fort de cette donne, le gouvernement syrien programme, d'ores et déjà, l'après-Alep, c'est-à-dire une nouvelle offensive sur la ville d'Idleb où sont retranchés plusieurs milliers de combattants rebelles et terroristes dont un certain nombre proviennent des exfiltrés d'Alep Est. La perte du bastion principal marque pour la rébellion, quelle que soit sa nature, un tournant dans la guerre engagée en 2011 contre le gouvernement du président Bachar al Assad. Cela, les éléments de l'opposition adoubée par les pays du CCG et ceux des factions terroristes le savent pertinemment, depuis que l'intervention de la Russie en septembre 2015 a complètement bouleversé le rapport des forces. Complexifiée par la multitude des pays engagés militairement dans la coalition internationale et par l'émergence du groupe autoproclamé Etat islamique, la guerre a cruellement dynamité une Syrie dont près de la moitié de la population a été jetée sur les chemins de l'exil. A cela s'ajoutent des ambitions sécessionnistes encouragées par certaines puissances régionales et catégoriquement rejetées par d'autres, à la frontière syro-turque où les Kurdes rêvent d'une émancipation conjuguée avec leurs émules du PKK. Dans cet imbroglio massif, l'annonce hier du secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter, d'un envoi de 200 soldats supplémentaires pour appuyer les 300 déjà en Syrie comme conseillers d'une coalition arabo-kurde qui cherche à chasser l'EI de Raqa (nord), semble comme un cheveu sur la soupe. Au moment où ces Forces démocratiques syriennes (FDS), cherchent à libérer les territoires à l'ouest de Raqa et à isoler ainsi la ville», l'EI reprend du poil de la bête dans la province centrale de Homs, et menace de nouveau la cité antique de Palmyre. Reste alors présent le spectre de la partition, agité maintes fois par les pays occidentaux et les puissances régionales concernées par les enjeux syriens. Le gouvernement du président Bachar al Assad est déjà assuré du contrôle de toute la Syrie «utile», de l'ouest d'Alep à Damas, en passant par la province de Homs et celle côtière de Lattaquié. Mais ce scénario, comme celui de 2014 qui voyait «l'effondrement du régime», pourrait connaître un sort tout aussi contraire...