Le dialogue que la Chine a noué en mars dernier avec Taïwan, l'« île rebelle », pour la première fois depuis 1949, va-t-il se rompre ? « La Chine ne laissera pas le problème de Taïwan irrésolu trop longtemps et ne renoncera pas à utiliser la force », déclare Liu Jingsong, un général chinois, moins d'une semaine après la déroute électorale de Kuomintang, le parti au pouvoir, favorable au rapprochement avec Pékin et la démission lundi dernier du Premier ministre Jiang Yi-Huah, rapporte le journal d'Etat Global Times. Et d'insister après ces élections qui ont pris l'allure d'un référendum sur les relations avec la Chine : « Nous ne renoncerons absolument pas à l'usage de la force, et pour ce qui est du recours légitime à des moyens militaires quand c'est nécessaire, cela reste une option. » « Cette situation embarrassante ne peut pas se poursuivre », martèle-t-il. Le parti du président taïwanais Ma Ying-jeou, qui est arrivé au pouvoir en 2008 et a permis le dégel des tensions, l'augmentation des échanges et l'ouverture d'un dialogue historique entre Taipei et Pékin, n'a recueilli que 40,7% des voix. Son rival, le Parti démocratique progressiste, qui a récolté 47,5% des suffrages, a gagné cinq des six municipalités de l'île. La victoire de ce mouvement réputé très sceptique par rapport à Pékin, laisse craindre une remise en question du réchauffement des relations sino-taïwanaises. « Peu importe qui a le pouvoir politique à Taïwan, il n'y a qu'un chemin possible : œuvrer au développement de relations pacifiques, et finalement concrétiser la réunification », déclare le général Liu considérant Taïwan comme une partie de son pays. Un « sentiment » qui n'est pas très partagé. Une partie de l'opinion publique taïwanaise s'inquiète de l'influence chinoise grandissante sur l'île. Pour preuve, un projet d'accord de libre-échange avec Pékin a provoqué en mars dernier des manifestations de rue et une occupation du Parlement. Désormais les regards sont braqués sur la présidentielle prévue en 2016. Tsai Ing-wen, la présidente du Parti progressiste, semble bien partie pour l'emporter devant le président Ma Ying-jeou, élu en 2008 et réélu en 2012, qui est convaincu que « plus le continent chinois se développera, moins l'île prônera la rupture ».