En dépit de cette victoire, l'EN continue à manger son pain noir. Il a donc fallu attendre la 6e journée pour voir l'équipe nationale remporter son premier succès dans ces éliminatoires combinées de la Coupe du monde et de la CAN 2006. Un succès qui lui permet de quitter la dernière place pour se poster à celle qu'il y avait juste devant, l'avant-dernière. C'est dire que cette équipe n'a effectué qu'un petit saut et reste à distance respectable de la qualification pour les deux compétitions précitées. Il n'y a pas lieu de se mentir. Cette équipe, nous l'aimons tous, mais après ce qu'on l'a vu faire dimanche soir à Oran elle ne mérite pas d'aller à la CAN 2006. Alors, pour la Coupe du monde, il ne faut vraiment pas en parler. Il n'y a nul esprit de défaitisme dans ce que nous écrivons. Il est seulement des victoires dont il n'y a aucune gloire à tirer et celle de dimanche est de celles-là. Celui qui dira le contraire n'a qu'à nous énumérer les occasions où cette équipe a développé un jeu cohérent et des mouvements offensifs de meilleur aloi, les circonstances ou les occasions de buts n'ont fait que se succéder, les moments où le gardien rwandais a réalisé des prouesses pour sortir des ballons chauds, les éventualités où l'équipe du Rwanda, sous l'effet d'une pression terrible, n'a fait que remballer à l'emporte-pièce. Le réalisme et l'objectivité devraient nous inviter à plus de retenue face à une victoire tirée par les cheveux et obtenue sur un coup de dés. Au contraire, s'il y a eu une formation qui a dégagé à l'emporte-pièce en fin de match c'est bien celle de l'Algérie de peur qu'elle prenne un but égalisateur assassin. Du reste, à quoi a rimé le remplacement d'un attaquant, Boutabout, par un défenseur, Zafour, lors des cinq dernières minutes sinon pour préserver un petit but d'avance? Et il faut le dire, l'équipe d'Algérie s'est recroquevillée et a donné la frousse à ses supporters devant un adversaire d'une extrême modestie. Oui, cette équipe du Rwanda, qui a frôlé l'égalisation n'a rien montré d'extraordinaire. De tous les adversaires rencontrés lors de ces éliminatoires par les Verts, c'est le plus faible, et en dépit de ce critère, il est parvenu à faire trembler l'équipe locale et ses milliers de fans. L'équipe d'Algérie a surtout été d'une affligeante faiblesse sur le plan offensif où Boutabout a été très très mal soutenu par un milieu presque à vocation défensive. On ira jusqu'à affirmer que l'attaquant le plus tranchant a été Belhadj dont la particularité était qu'il occupait le poste d'arrière latéral gauche. C'est d'ailleurs sur l'une de ses percées et un de ses centres en retrait que les Verts sont parvenus à inscrire le but de la victoire. Tout cela pour dire que nous avons été conviés à une autre soirée pénible dimanche, une soirée du même acabit que celle qui avait vu les Verts se faire corriger par les Gabonais à Annaba. En tout cas, nous ne cesserons d'affirmer que le mieux qui pourrait arriver à notre football est de rater le rendez-vous de la CAN 2006. La génération actuelle de joueurs ne peut donner plus que ce qu'elle nous a montré. Gardons-nous, et nous l'avons écrit, de faire référence à la CAN 2004 où la victoire sur l'Egypte et le match nul face au Cameroun n'ont été que des accidents de l'histoire. Le salut de l'équipe nationale passe par une refonte du football, elle-même associée à une restructuration de nos clubs. On ne peut plus se complaire de l'espèce d'anarchie qui règne dans la discipline où la formation est inexistante, où on ne sait pas si nos joueurs sont amateurs ou professionnels (c'est-à-dire vivant du football et non pas des professionnels au sens propre du terme), ou des clubs qui vivent sans aucun contrôle de la part de l'Etat n'ont pas d'aires de jeu pour s'entraîner ni de stades pour jouer et qui vadrouillent d'une ville à l'autre pour recevoir leurs adversaires, où les joueurs évoluent un jeudi sur de la pelouse synthétique puis un autre jeudi sur de la mauvaise herbe. Ce ne sont là que quelques-unes des carences d'une discipline dont on veut qu'elle nous produise une équipe nationale de qualité. Le rêve a ses limites et lorsqu'on a du plomb entre les mains, on ne peut le transformer en or. La réalité est dure à avaler, il faut seulement savoir assumer, car l'équipe nationale n'est que le résultat de plusieurs années d'errements. Et si les autorités politiques ne daignent pas une bonne fois pour toutes épauler la FAF (du moins son président car au bureau fédéral, il y en a qui sont loin de la réalité du terrain), il ne faut pas s'attendre à ce que les Verts réalisent des performances.