«Seule la relance du dialogue pourrait dégeler la situation.» Encore une fois, un mouvement de protestation pointe à l'horizon du secteur de l'éducation nationale. Le Conseil des lycées d'Alger n'écarte pas le recours, à partir du troisième trimestre, à un débrayage dans le cas où le ministère de tutelle n'ouvre pas les portes du dialogue. Cette menace a été clamée haut et fort par le secrétaire général du CLA, M.Redouane Osmane et ce, dans un point de presse tenu dans les locaux du Snpsp. Soliloquant à voix haute, la figure de proue du CLA dira en termes clairs: «Nous continuons de faire grève en dépit des mises en garde et tant que nos revendications demeurent lettre morte dans les archives du ministre.» L'annonce retient immédiatement notre attention. Le conférencier s'est ressaisi rapidement pour dire «que l'option de la grève constitue le dernier recours des enseignants et se veut un rapport de force pour ramener le ministre autour d'une table de pourparlers». Il expliquera sur sa lancée que son organisation ne veut pas aller vers un nouveau bras de fer et «c'est au ministère d'éviter d'éventuelles complications». Il s'agrippait à l'idée que seule la relance du dialogue pourrait dégeler la situation. M.Osmane, «scandalisé par le fait d'utiliser la justice afin de mettre fin à des actions de débrayage», invite le ministère de l'Education à retirer les plaintes déposées contre des délégués du CLA et du Cnapest (Conseil national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique). La détermination du Conseil des lycées d'Alger de maintenir la pression a été affichée à maintes reprises. Cette fois-ci, il y a même une possibilité d'impliquer les sept autres organisations syndicales travaillant dans le secteur de l'éducation. Lors de son intervention, l'orateur a invité les autres organisations pour une intersyndicale de l'éducation «devant unir les forces et décider des actions communes pour contraindre la tutelle à relancer le dialogue avec les enseignants». Il répéta d'une voix plus sonore que «ce n'est pas avec des injonctions d'intimidation qu'on règlera le malaise qui existe dans le secteur de l'éducation». Il fera allusion à «des correspondances adressées aux enseignants les mettant en garde quant à toute action allant dans le sens de déstabiliser le secteur». Le conférencier a saisi l'occasion pour mettre en exergue les nouvelles revendications du CLA. Il exige une revalorisation salariale dans le cadre de la réforme du système éducatif. Le salaire net revendiqué est à hauteur de 30.000 DA, tandis que les autres requêtes portent sur la refonte du statut particulier et la prise en charge socioprofessionnelle de l'enseignant du secondaire. Redouane Osmane a sévèrement critiqué le système de «sélection rigoureuse établi par le ministère dans le cadre des réformes envisagées». C'est une mesure allant dans le but d'assurer une formation pour le marché. «Elle s'aligne avec ce qu'on appelle la mondialisation de l'éducation qui va dans le sens de la flexibilité de la main-d'oeuvre et de la professionnalisation du savoir», a-t-il développé. Il s'insurge contre la réduction des filières au Bac à six options au lieu de seize. L'orateur perçoit négativement le fait de mettre en place des lycées internationaux et des établissementra secondaires d'excellence. «C'est une ghettoïsation et une ségrégation avérées», a-t-il estimé. Et de préciser: «Nous soutenons une réforme qui assure l'égalité des chances et une prise en charge effective de l'enseignant.»