Diabolisée par des politiques inconscients, la loi de finances 2017 n'a rien d'un texte hostile, de nature à paupériser la société algérienne. La gestion de la crise financière consécutive à la chute des prix du pétrole a été exemplaire par le gouvernement algérien. De l'avis de tous les experts, même les plus sceptiques, les 30 mois qui nous séparent du choc pétrolier ont été négociés avec une grande intelligence. La baisse brutale des cours en juin 2014 n'a pas été accompagnée par des mesures d'austérité financières. Contrairement à beaucoup de pays producteurs de pétrole qui ont vu une chute libre quasi instantanée de la valeur de leur monnaie nationale face au dollar, la parité du dinar algérien par rapport au dollar et à l'euro était restée flottante avec une dépréciation très contrôlée qui n'a pas excédé les 15% à la première année de la crise. L'économie nationale a été épargnée d'un choc frontal grâce aux réserves de changes qui frisaient les 200 milliards de dollars, ainsi qu'au confortable matelas financier que constituait le Fonds de régulation des recettes. Alors que les experts du FMI et de la Banque mondiale prédisaient une année 2015 «catastrophique» pour l'Algérie avec une forte dévaluation du dinar, un assèchement des réserves de changes, un épuisement du Fonds de régulation des recettes et une inflation galopante ainsi qu'un chômage au-dessus de 12%, les indices macroéconomiques avaient montré une résistance «étonnante» et aucune des prévisions pessimistes ne s'était révélée juste. La loi de finances 2016, porteuse de quelques hausses, dans les prix des carburants et de l'électricité notamment, était présentée par l'opposition comme antisociale. Les experts du FMI et de la Banque mondiale la trouvaient, quant à eux, «trop timide» et considérablement alourdie par les transferts sociaux, jugés paralysants pour la croissance économique. De fait, les prévisions de tous les experts mettaient les finances du pays dans le rouge et prédisaient des déficits abyssaux et bien sûr une inflation à deux chiffres. Ces observateurs «attentifs» à l'évolution du pays, le comparaient avec ceux qui ont vécu le même choc pétrolier. L'Arabie saoudite, le Venezuela, la Russie et même la Norvège, ainsi que le Canada étaient entrés dans une phase de récession, appuyée par une inflation importante pour certains, la baisse drastique des subventions sur les produits de première nécessité pour d'autres, hausse du chômage... bref, ces pays ont dû prendre des décisions douloureuses pour maintenir leurs finances à flot et ont payé cela par des mesures impopulaires auxquelles l'Algérie n'a pas eu recours en 2016. La sentence était donc tombée et l'Algérie enterrée avant l'heure. Mais, surprise, 2016 s'est terminée avec une inflation maîtrisée, une croissance supérieure à 3% et un taux de chômage toujours en baisse, à 9,9%. Cela, sans que le gouvernement n'ait eu besoin de toucher à ses fondamentaux qui sacralisent le caractère social de l'Etat. La loi de finances 2017 est dans la même veine. Une augmentation de deux points de la TVA et une hausse symbolique des prix des carburants. Le gouvernement a eu droit aux mêmes commentaires de la part de l'opposition et des experts du FMI. Tous les experts et les politiques savent pertinemment que ces nouvelles mesures ne relèvent aucunement de l'austérité. Le pays est très loin des dispositions prises par les pays pétroliers. Il continue d'attirer les investissements étrangers. Il crée de l'emploi et n'abandonne pas son programme de logements sociaux. Objectivement, l'Algérie n'est pas dans une logique d'austérité, mais de rationalisation de ses dépenses. Cela pour dire que la loi de finances 2017 n'a rien d'un texte hostile, de nature à faire plonger l'économie dans la récession.