Le courant ne passe plus entre la Fédération nationale des exploitations libres des stations-service (Fnelss), et Naftal. A la source du litige, le contrat passé entre les deux protagonistes. D'une durée de trois ans, ce contrat, appelé aussi «contrat intuiti persona», est passé avec une seule personne physique, à savoir le gérant de la station, si il décède, la station sera récupérée par Naftal. «Nous refusons d'occuper le rôle de simple gérants libres, comme nous sommes catégoriquement contre la cession de ce bien de l'Etat» a tenu à expliquer le président de la Fnelss, Mustapha Boudjemloul, hier, lors d'une conférence de presse animée au siège de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). A en croire le conférencier, le problème remonte à la naissance de Naftal, ex-filiale de Sonatrach, en 1982, dans le cadre de l'opération de restructuration des grandes entreprises publiques. «Cette entreprise a de tout temps oeuvrer à imposer le contrat aux membres de notre corporation, usant de diverses pressions et menaces», explique M.Boudjemloul avant d'ajouter «la signature dudit contrat est dénuée de toute valeur juridique puisque effectuée sous la contrainte». Le conférencier a refusé que ces stations-service soient considérées comme la propriété privée de Naftal. «L'assiette foncière appartient aux Domaines, et le fonds de commerce à l'Etat. Donc, cette entreprise n'a aucun droit de faire main basse sur ce patrimoine national. Si Naftal dit le contraire, elle n'a qu'à nous présenter l'acte de propriété attestant de la véracité et du fondement des arguments avancés.» En outre, avec l'adoption du texte de loi relatif aux hydrocarbures, «les donnes ont changé. Les firmes multinationales vont débarquer massivement. La concurrence sera alors des plus acharnées entre Naftal et les sociétés internationales. Naftal devra plutôt gagner notre adhésion partenariale car nous constituons son pilier central dans les compétitions commerciales à venir» a affirmé M.Boudjemloul. Cependant, à en croire les gérants libres, aussi présents lors de la conférence de presse, Naftal continue d'imposer son diktat et son autoritarisme. En effet, selon les déclarations de ces gérants, la distribution du carburant est très mal effectuée. «L'approvisionnement est inférieur à ce qu'on demande. Pire encore, on s'est souvent vu dans la contrainte de fermer à cause d'une alimentation qui tarde à venir. Parfois les camions de Naftal, à ce qu'on nous dit, tombent en panne, donc l'approvisionnement relève alors du rêve» a indiqué un gérant libre. Par ailleurs, pour régler ce litige, les deux protagonistes, sous l'arbitrage du ministre de l'Energie et des mines, M.Chakib Khelil, se sont mis à la table des négociations. Les premiers pourparlers ont commencé au mois d'octobre 2004. Néanmoins, «ces négociations n'ont été en définitive qu'un leurre devant la mauvaise volonté manifeste de Naftal qui voudrait nous confiner dans la posture précaire de la location-gérance, régime qui ne nous assure aucune protection juridique.» Le dialogue se poursuivra demain au siège du ministère de l'Energie. Cependant, les doléances de la Fédération nationale des exploitations libres des stations-service ne sont plus les mêmes. «Nous exigeons la location simple des locaux et installations, pour une durée de dix ans renouvelable. Le système de la gérance libre, nous le rejetons carrément» a conclu le conférencier.