Ils sollicitent le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, dans une lettre ouverte. Le courant ne passe plus entre la Fédération nationale des exploitants libres des stations-service (Fnelss) et l'entreprise commerciale Naftal. A l'origine du conflit, qui perdure depuis plus d'une vingtaine d'années sans connaître un dénouement, le contrat passé entre les deux protagonistes. D'une durée de trois ans, ce contrat, régi par l'article 203 du code du commerce est passé avec une seule personne physique, à savoir le gérant de la station. S'il décède, la station sera récupérée par Naftal. Ainsi, les exploitants libres des stations-service appelés communément gérants libres (GL) réclament carrément la concession sur ces stations. «Nous demandons la concession aux exploitants libres des stations-service. Ces dernières demeureront sans équivoque des biens de l'Etat», a lancé, hier, le président de la Fnelss, Mustapha Boudjemlal, lors d'une conférence-débat animée au siège de l'Ugcaa. Le cadre juridique de la concession est à même d'assainir durablement la relation Naftal-exploitants libres en la ramenant à sa réelle dimension, à savoir celle de fournisseur à client, estime-t-il. Aux yeux des gérants libres, l'option de la concession est la seule modalité viable au regard de la reconfiguration du paysage de la distribution, induite par l'imminente libéralisation du secteur. Ils sollicitent même le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika dans une lettre ouverte pour l'octroi de la concession. La corporation considère que la solution à ce conflit ne pourrait avoir qu'un caractère éminemment politique. Selon certains échos, le règlement du dossier avance bien au niveau de la présidence, indique M.Boudjemlal. Ce problème, explique-t-il, remonte à la naissance de Naftal, en 1982, dans le cadre de l'opération de restructuration des grandes entreprises publiques. Pour régler ce litige, des négociations avaient été entamées en novembre et décembre 2004, entre les représentants de Naftal et ceux de la corporation, sous l'arbitrage du ministre de l'Energie et des Mines, M.Chakib Khelil, en vue de l'élaboration d'un nouveau contrat intégrant nos revendications. «Cependant, Naftal a été systématique en balayant l'ensemble de nos propositions dans son contrat finalisé de juin 2005». Les revendications des gérants libres s'articulent principalement autour de la suppression de la location-gérance comme régime contractuel, une durée de 10 ans renouvelable par tacite reconduction, la transmission inconditionnelle aux ayants droit en cas de décès de l'exploitant et enfin la priorité dans l'éventualité d'une cession. Mais, ajoute le conférencier, le ministère s'est désengagé par la suite du règlement de ce conflit. «Nous ne voulons plus de relation contractuelle avec Naftal», clame-t-il estimant qu'il est inadmissible de «nous confiner dans le statut vulnérable de simple gérant libre après plus de 40 ans d'exploitation, la location-gérance étant par ailleurs synonyme de précarité». Par contre, les gérants libres se disent entièrement disposés à la conception conjointe d'une convention commerciale avec l'entreprise lui garantissant l'exclusivité de l'approvisionnement en produits pétroliers. Refusant que les stations en gérance libre soient considérées comme la propriété privée de Naftal, il dira que la fédération a officiellement fait part de son opposition au ministre des Finances. Selon lui, la régularisation effectuée par Naftal sur ces stations est frappée «d'illégalité».