Deuils nationaux, drapeaux en berne et messages de compassion d'hommes d'Etat et de souverains ont été les signes de reconnaissance à cet homme de Dieu. Le 263e successeur du Saint Père s'est éteint, samedi soir à l'age de 84 ans. Jean-Paul II, de son vrai nom Karol Joseph Wojtyla, a donc rendu l'âme après une agonie qui a duré plus de deux mois. Sentant la mort proche, le souverain Pontife a cette fois-ci refusé d'être transféré à l'hôpital, préférant reposer en paix dans ses appartements du Vatican. Le décès du pape a été annoncé à la foule rassemblée place Saint-Pierre par le cardinal Camillo Ruini, vicaire du Pape à Rome, comme le veut la tradition. Près de 60.000 personnes ont participé à cette veillée et beaucoup se sont effondrées en larmes à l'annonce du décès de Jean-Paul II. Il convient de rappeler que le pape Jean-Paul II était entré en agonie jeudi soir. Une infection urinaire provoquée par sa déshydratation avait déclenché une septicémie qui a provoqué un arrêt cardiaque. Sa santé s'était ensuite rapidement dégradée et depuis samedi matin, il était dans «un état gravissime» avec «des pertes de conscience depuis l'aube». Le Saint Père aura tenu en haleine, au cours des dernières heures de sa vie, des millions de catholiques à travers le monde, comme il a suscité l'intérêt des fidèles des autres confessions, qui lui ont rendu un vibrant hommage pour son rôle dans la promotion de la paix et l'encouragement du dialogue entre les religions. Deuils nationaux, drapeaux en berne et messages de compassion d'hommes d'Etat et de souverains ont été les signes de reconnaissance à cet homme de Dieu qui a consacré sa vie à rapprocher les nations et à cultiver paix et amour entre elles. Celui qui a bousculé les moeurs du Vatican en étant le premier pape Slave, est né le 18 mai 1920 à Wadowice, près de Cracovie, était devenu le 16 octobre 1978 le 263e successeur de Pierre, le «prince des apôtres» et le premier cardinal non italien depuis 455 ans. Archevêque de Cracovie depuis 1964, cardinal depuis 1967, il succédait à Jean Paul Ier, dont le pontificat n'avait duré que 33 jours. Outre sa qualité de religieux, le pape était un sportif accompli, poète, et même acteur amateur durant sa jeunesse étudiante. Jean-Paul II, surnommé «l'athlète de Dieu», avait frappé le monde par son volontarisme et un art consommé de l'utilisation des médias. Ce qui a fait de lui «le plus cathodique» des papes. Ses voyages dans sa Pologne natale, alors communiste, en 1979, 1983 et 1987, avaient contribué à ébranler l'empire soviétique. Le 13 mai 1981, il avait été victime d'un attentat place Saint-Pierre. L'auteur des trois coups de feu qui l'avaient grièvement blessé, Ali Agca, était membre d'un mouvement d'extrême droite turc. Jean-Paul II s'est dit convaincu que l'attentat a été commandité, mais sans identifier ses inspirateurs. Ce pape mystique, qui vouait un culte particulier à la Vierge Marie, a toujours pensé qu'il avait eu la vie sauve grâce à son intercession. En 26 ans de pontificat, le pape a parcouru le monde au cours de 104 voyages sur tous les continents, déplaçant à chaque fois des foules impressionnantes. Cependant, malgré son désir, il n'a pu se rendre ni en Russie, en raison de l'hostilité de l'Eglise orthodoxe, ni en Chine où les religions sont contrôlées par le gouvernement. Jean-Paul II a su traduire en gestes forts les orientations d'ouverture du concile Vatican II sur le monde et les autres religions, mais il a aussi incarné le conservatisme de l'Eglise face au bouleversement des moeurs. Sa morale sexuelle intransigeante, et notamment son opposition à la promotion du préservatif alors que l'épidémie de sida ravageait l'Afrique, sa condamnation absolue de l'avortement, du divorce, de l'union entre homosexuels, ont détourné de l'Eglise des millions de personnes, notamment des jeunes. Mais il a aussi conquis les coeurs de millions de non-chrétiens en se faisant le promoteur d'une culture de la paix. Il s'est opposé à la première guerre du Golfe en 1991 et à l'intervention américaine en Irak en 2003. Il a amorcé la réconciliation de l'église avec les juifs, a amorcé un dialogue avec l'islam et a engagé l'église dans un mea-culpa pour les «injustices» commises au cours des siècles. Comme il s'est rendu à El Qods, berceau des prophéties où il avait tenté de faire la paix entre Israéliens et Palestiniens. Celui qui a fait le tour du monde, même à Cuba et en ex-URSS, va enfin reposer en paix en effectuant son ultime voyage. Sa dernière volonté c'est d'être enterré dans le caveau familial en Pologne. Des obsèques qui n'auront pas lieu avant jeudi prochain, indique t-on au Vatican. La mort de Jean-Paul II annonce une succession très rude, d'autant plus qu'il existe plusieurs prétendants potentiels. Le verdict est désormais entre les mains des cardinaux des quatre continents qui auront la lourde tâche de désigner le successeur de Jean-Paul II.