louisa hanoune-abdelmalek Bouchafa Si certains partis font de cette revendication leur cheval de bataille, d'autres se contentent de soutien. Tout le monde est d'accord. La classe politique est presque sur la même longueur d'onde concernant la proclamation de Yennayer comme fête nationale. Cette revendication d'antan s'impose davantage. Après l'officialisation de tamazight comme langue nationale et officielle inscrite dans la nouvelle Constitution, des voix s'élèvent pour plaider la proclamation de Yennayer comme fête nationale au même titre que le premier Mouharam. A l'occasion du Nouvel An 2967 du calendrier berbère, les partis politiques interpellent de nouveau les pouvoirs publics sur sa proclamation comme fête nationale. Le Front des forces socialistes (FFS) a adressé, par le biais du chef du groupe parlementaire, récemment, une lettre au Premier ministre l'invitant à reconnaître officiellement la date du 12 janvier (jour de l'An amazigh) comme fête officielle, chômée et payée. «Pour fêter cette date, il faut d'abord la reconnaître comme fête officielle», écrit le chef du groupe parlementaire, qui rappelle avoir introduit en 2014 une proposition de loi revendiquant la reconnaissance de cette journée «chômée et payée» et sur laquelle il n'a pas eu de réponse de la part du gouvernement. Le Parti des travailleurs se bat également pour arracher cet acquis. «Le président de la République est interpellé sur ce point pour proclamer Yennayer comme fête nationale», a déclaré Youcef Ramdan Taâzibt, député et membre de la direction du parti. Contacté par nos soins, cet élu de Tizi Ouzou a rappelé que son parti a introduit plusieurs propositions dans ce sens. Pour lui, c'est une contradiction flagrante avec la politique, car il s'agit de l'histoire de notre pays et on ne peut pas le nier. La fête de Yennayer est célébrée dans toutes les régions du pays et pas seulement en Kabylie. «Il est demandé aux plus hautes autorités de l'Etat d'ordonner à la commission des fêtes nationales de l'intégrer», a insisté Taâzibt. Le Rassemblement de la culture et la démocratie (RCD) s'est toujours distingué comme défenseur de l'identité amazighe. Le parti du FLN soutient également cette revendication. Si certains partis font de cette revendication leur cheval de bataille, d'autres se contentent de soutien. C'est le cas des partis islamistes qui étaient auparavant opposés à toute officialisation de la langue amazighe. Pour le Mouvement de la société pour la paix (MSP), celui-ci n'est pas contre la proclamation de cette fête. «Nous n'avons pas d'inconvénient si Yennayer sera proclamé comme fête nationale», a estimé Naâman Laouer, vice -président du parti. Ce député soutient que cette fête n'est pas célébrée aujourd'hui uniquement dans une, Le mouvement Ennahda partage le même avis. «Nous n'avons pas d'inconvénient par rapport à l'officialisation de cette fête qui est célébrée au niveau national», a soutenu Hani Chaoueche, porte-parole du mouvement Ennahda. Joint par téléphone, ce responsable soutient que l'officialisation de cette fête va mettre un terme au problème du régionalisme en renforçant l'unité nationale. Son collègue, le député Khababa soutient que l'identité amazighe est une partie de l'identité algérienne. Ce dernier refuse que cette question soit exploitée à des fins politiques. Pour le président du Front algérien national, la proclamation de Yennayer comme fête nationale n'est qu'une question de temps. «Cela va venir, c'est juste une question de procédures juridiques», a assuré Djamal Benabdeslam. Joint par téléphone, notre interlocuteur estime que «sa proclamation comme fête nationale est une évidence après l'officialisation de la langue amazighe langue nationale et officielle dans la nouvelle Constitution». Optimiste, Benabdeslam n'a aucun doute sur cette question. La preuve, dit-il, il n'y a pas que la Kabylie qui célèbre cette fête, mais toutes les régions du pays et même le gouvernement le fête. Effectivement, le gouvernement a fait un grand pas sur ce plan. Cette année, la ministre algérienne de l'Education, a transmis une directive à l'intention des directeurs des académies de l'enseignement algérien pour qu'ils demandent aux chefs des établissements scolaires de fêter Yennayer dans toutes les écoles en planifiant des cours, le 12 janvier 2017, à propos de cette fête. Ce n'est pas tout. Le gouvernement prépare une série d'activités à cette occasion. Il compte célébrer cette journée cette année à Beni Snouss à (Tlemcen). Ce n'est pas un fait anodin.