C'est à une véritable «diplomatie parallèle» que s'adonne l'état-major des mollahs. La délégation de hauts responsables militaires iraniens se poursuit encore aujourd'hui et il est fort attendu que ce «contact serré» soit encore plus prononcé dans les prochains mois, notamment de la part des chefs militaires iraniens qui se déploient dans une «diplomatie parallèle» qui n'échappe à personne. L'importance, toute «politique» de cette visite toute «militaire», a fait que l'amiral iranien, Ali Chamkhani, ministre de la Défense et du Soutien des forces armées de la République islamiste d'Iran, soit reçu par Noureddine Zerhouni et non pas par le chef d'état-major de l'ANP. Délégué par le président de la République lui-même, en tant que représentant du ministre de la Défense nationale algérienne, le ministre de l'Intérieur a apposé son cachet de civil à une visite dont les allures étaient militaires. Evidemment, la présence de Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée et celles du secrétaire général du ministère de la Défense nationale, Ahmed Senhadji ainsi que d'officiers supérieurs de l'ANP, renseigne sur les dispositions de coopérer, techniquement, d'échanger des expériences, de dispenser des formations et de former des cadres de l'armée. La présence des autres forces armées algériennes (terre, mer, air) se veut un reflet d'une politique d'échanges militaires globale. L'importance aujourd'hui de l'ANP se lit aussi à travers les échanges évidents, en qualité et en quantité, avec l'Otan. L'Alliance Atlantique qui déploie envers l'Algérie un intérêt croissant, vérifiable sur le nombre de manoeuvres navales effectuées au large de la baie d'Alger à partir de 2002, accorde aujourd'hui à Alger le crédit nécessaire pour en faire une grande force régionale susceptible d'être investie de missions de sécurité, de maintien de la paix et humanitaires. Or, ce n'est pas là le cas de l'Iran qui ne traverse pas aujourd'hui une de ses périodes d'accalmie à l'échelle internationale. Force militaire s'il en est, l'armée iranienne tente en fait de se trouver des alliés sûrs à la mesure des défis politiques auxquels elle fait face aujourd'hui. Depuis l'annonce par le président Khatami de la poursuite de l'enrichissement d'uranium, l'Iran traverse une zone de turbulences politiques créées par Washington. L'administration Bush, dominée par des chefs de la «Total War» tels John Ashcroft, John Negroponte, Paul Wolfowitz, Dick Cheney ou Donald Rumsfield, ne peut tolérer qu'un Etat tel l'Iran (un des composants de l'«axe du mal» selon la classification américaine), continue à jouer avec l'énergie atomique et nucléaire. Sa propre sécurité n'est pas menacée, loin s'en faut, mais il lui est intolérable qu'un autre Etat puisse constituer un contrepoids à celui d'Israël, axe central de toute sa politique au Moyen-Orient. Aujourd'hui, la poussée américaine vise à faire parvenir «le dossier iranien» sur la table du Conseil de sécurité de l'ONU et, éventuellement, faire voter en même temps l'arrêt des recherches sur l'énergie atomique et des sanctions économiques sur Téhéran. Si pour l'instant, l'Iran se montre serein c'est parce qu'il perçoit une écoute plus attentive de la part de l'Union européenne, mais les responsables politiques et militaires iraniens savent, en fait très bien, que leur pays ne constitue qu'un enjeu stratégique dans les jeux de superpuissance euro-américains et qu'en fait, c'est la «famille naturelle» de l'Iran qui peut lui être d'un secours réel. Dès sa descente d'avion, le ministre iranien s'est empressé de rappeler que l'Algérie et l'Iran appartiennent à cette famille qu'unissent les liens de la langue, de la religion et de l'histoire.