Les candidats à la primaire de gauche à la présidentielle française lors de leur premier débat Les principaux candidats à la primaire de la gauche française ont critiqué jeudi le bilan du mandat du président socialiste François Hollande, tout en cherchant à dépasser la fracture de leur camp pour battre la droite et l'extrême droite à la présidentielle. A moins de quatre mois de la présidentielle, ce scrutin s'annonce pour l'instant comme un duel serré entre le candidat de la droite François Fillon et la chef du Front national Marine Le Pen. Invités lors de leur premier débat télévisé à décrire le bilan du mandat du président sortant, marqué par une impopularité record depuis son élection en 2012, la majorité des sept candidats, dont cinq d'entre eux ont participé au gouvernement, ont fait part de leur déception et frustration. «Difficile à défendre», a ainsi commenté l'ancien ministre de l'Economie Arnaud Montebourg, qui fut remercié en août 2014 pour avoir critiqué le virage libéral de François Hollande. L'outsider Benoît Hamon, éphémère ministre de l'Education en 2014, a pour sa part évoqué un «sentiment d'inachevé». Vincent Peillon, ministre de l'Education de 2012 à 2014, a lui regretté un «sentiment de profonde incompréhension» à l'égard de l'action du président. Seul l'ancien Premier ministre Manuel Valls, candidat à la primaire de la gauche à la faveur du renoncement surprise de François Hollande à briguer un second mandat, a fait part de sa «fierté d'avoir servi les Français dans une période très difficile», allusion à la série d'attentats jihadistes sans précédent ayant frappé la France depuis deux ans. Au-delà de ses adversaires de droite et d'extrême droite, le vainqueur de la primaire sera confronté à deux challengers partis en cavalier seul à la présidentielle: le chef de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, et l'ex-ministre de l'Economie Emmanuel Macron, 39 ans, dont les réunions publiques attirent les foules. Tentant dans ce contexte la carte du rassemblement, les sept candidats ont pris soin jeudi d'éviter les escarmouches frontales. Chacun s'est évertué à exposer ses propositions - fiscalité ou sécurité sociale - tout en attaquant le candidat de droite, François Fillon, au projet jugé «brutal». «Je veux tout mettre en oeuvre pour rassembler la gauche», a plaidé M. Hamon. «Notre ennemi, c'est le défaitisme», a renchéri M.Montebourg. «Je veux dire très sincèrement qu'ici je n'ai pas d'adversaire, encore moins d'ennemi, que nous sommes venus débattre devant les Français, pour les convaincre que la gauche est toujours utile», a aussi souligné Manuel Valls, retrouvant des accents de Premier ministre. M.Valls, 54 ans, est étiqueté favori de cette primaire des 22 et 29 janvier, mais il est fragilisé par des revirements depuis plusieurs semaines. Selon un récent sondage, il serait assez largement en tête au premier tour, mais sa victoire n'est pas acquise au second. Connu pour sa défense de la «démondialisation» et du protectionnisme, Arnaud Montebourg, 54 ans, est son principal challenger. «J'ai l'expérience de l'Etat, je sais ce qu'on peut faire, ou pas», a-t-il assuré lors du débat, où il est cependant apparu en retrait. Jouant à l'aile gauche du parti socialiste, Benoît Hamon est celui qui bénéficie de la meilleure dynamique, au point de talonner Arnaud Montebourg dans les dernières enquêtes. Face aux «bouleversements inédits» que connaît le monde, il va falloir «tourner la page avec la vieille politique», a-t-il jugé. Sa proposition choc d'instaurer un revenu universel (environ 700 euros) en réponse à la «raréfaction du travail», a suscité la controverse. Manuel Valls s'est dit «opposé à une société de l'assistanat et du farniente», tout comme Arnaud Montebourg, pour qui cette mesure aurait «pour conséquence d'augmenter de 50% la totalité des impôts». Dans cette campagne pour la primaire, les candidats devront réussir à marquer leurs différences sans se déchirer, pour pouvoir se rassembler derrière le vainqueur de la primaire. Deux autres débats sont prévus d'ici le premier tour. Franchir le cap du premier tour de la présidentielle en avril exigerait cependant d'élargir le rassemblement. «Le problème qui est posé pour l'ensemble des candidats progressistes: c'est qu'il y en a un de trop», a souligné le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, en appelant à une «clarification» après la primaire, dans un appel du pied à M.Macron.