Ceux qui veulent se présenter aux prochaines élections législatives ne doivent pas compter sur la 'chkara'' Pour le commun des Algériens la ligne de démarcation entre un homme d'affaires ayant acquis sa fortune légalement et un partisan inconditionnel de la «chkara» reste flou. Cette situation déteint même sur la scène politique, ce qui génère une confusion certaine. «L'argent sale» ou, la «chkara», comme on l'appelle communément fait désormais partie de la réalité politique algérienne. Il est même, dans certains cas, un élément incontournable, voire essentiel. Même des responsables de premier plan et, qui plus est, constituent la vertèbre du pouvoir, notamment Ahmed Ouyahia et Djamel Ould Abbès, l'ont reconnu, chacun à sa manière. Il y a quelques semaines en effet, le patron du RND déclarait que la «chkara» est une réalité dans le pays» et a même accusé ceux-ci de vouloir déstabiliser le pays. Même chose pour le secrétaire général du FLN. «Ceux qui veulent se présenter aux prochaines élections législatives ne doivent pas compter sur la 'chkara'' et donc sur l'argent sale. Je suis un anti-chkara», a-t-il déclaré à peine installé à la tête de l'ex-parti unique. Ces déclarations sont intervenues dans une situation politique marquée par des prises de bec intenses entre certains hommes d'affaires et des responsables politiques. C'est le cas notamment de Ali Haddad qui est entré en désaccord avec le Premier ministre Abdelamalek Sellal et Mohamed Djemaâ, patron de Starlight, qui a eu un échange virulent avec le président de l'APN, Larbi Ould Khelifa. Cette collusion entre les hommes d'affaires et les politiques qui a coïncidé avec une déclaration de guerre «aux détenteurs de l'argents sale» a laissé penser que tous les hommes d'affaires étaient mis dans le même sac, rejoignant ainsi la vox populi qui, souvent, soupçonne les riches d'escroqueries. D'un côté, il a dévoilé la phase obscure de la scène politique qu'il faille absolument éradiquer, d'un autre elle jette le soupçon sur des milliers d'autres hommes d'affaires dont la trajectoire est honorable et bénéfique pour le pays. Mais le RND, qui n'a jamais caché sa politique pro-business, a vite réagi pour recadrer le débat et tracer la ligne de démarcation entre «shab chkara» et les «investisseurs». En déclarant, en effet, que «Ali Haddad est mon ami», Ahmed Ouyahia a solennellement mis fin à cette tentative de diabolisation des hommes d'affaires. En effet, en se déclarant ouvertement hostile à la «chkara», le secrétaire général du RND savait très bien de quoi il parlait. Pour lui en fait, il existe une nette différence entre un homme d'affaires dont la fortune est acquise légalement et investie dans la transparence et celui dont la fortune est d'origine inconnue et qui veut la protéger en se faisant des relais à l'intérieur du système. D'ailleurs, joignant l'acte à la parole, Ahmed Ouyahia a invité les hommes d'affaires qui, selon lui, contribuent à l'essor économique de l'Algérie, à rejoindre son parti et certains d'entre eux sont même pressentis têtes de listes du RND aux prochaines législatives. En effet, selon certaines indiscrétions, à Blida, c'est un grand patron et membre influent du Forum des chefs d'entreprises qui est pressenti pour conduire la liste du RND aux prochaines élections législatives. Dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj également, c'est le nom d'un patron qui circule dans les milieux militants du parti. Il s'agit, dit-on, de Smail Benhamadi, frère de Moussa Benhamadi, et Abderrahmane Benhamadi, propriétaires du Groupe Condor. Même dans d'autres wilayas, où le RND compte des militants chefs d'entreprise, notamment Oran, Béjaïa, Djelfa, Tébessa, Oued Souf, Constantine, etc., il est possible que le même scénario se reproduise puisque, doctrinalement, le RND étant un parti libéral, il est inconcevable qu'il ferme la porte aux businessmen. «Le RND encourage les investisseurs nationaux à s'impliquer davantage dans la vie économique mais aussi politique du pays. La seule condition est qu'ils respectent le règlement régissant le parti et le principe de la compétition politique entre militants», a déclaré dans ce sens, Seddik Chihab, porte-parole du parti en précisant que le RND compte beaucoup de chefs d'entreprise qui militent depuis plusieurs années et qu'il est peut-être temps de mettre au-devant de la scène». Seddik Chihab ne s'est pas arrêté à ce niveau dans sa déclaration. Scandalisé par la diabolisation des hommes d'affaires sans distinction aucune, il a vigoureusement appelé à cesser cette campagne menée par des «corrompus» qui «vise à déstabiliser les investisseurs nationaux sérieux pour laisser la porte grande ouverte aux investisseurs étrangers». «On a besoin d'investisseurs étrangers. Mais on refuse que l'image des hommes d'affaires algériens soit salie,» a-t-il insisté.