img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P170119-17.jpg" alt=""La bombe" de Ghlamallah" / En sa qualité d'ancien ministre, il est très bien placé pour savoir qu'on ne discute pas une décision de justice. Le président du Haut Conseil islamique (HCI) a-t-il fait dans la rétention d'une information grave pour sécurité nationale ou tout simplement perdu la raison? S'exprimant avant-hier, dans une conférence au Forum du quotidien arabophone Echaâb, Bouabdellah Ghlamallah a tenu des propos d'une extrême gravité: «Boudiaf a été assassiné par ceux qui l'ont ramené. Ces gens-là lui ont fait dire que l'école était sinistrée et il ne s'est pas passé une semaine, ils l'ont tué», a déclaré celui qui a été ministre des Affaires religieuses pendant 15 longues années! Pendant tout ce temps, il couvait une pareille bombe pour nous la servir en janvier 2017. M.Ghlamallah vient de s'aventurer sur un terrain glissant et dangereux. Il remue le couteau dans une plaie qui vient à peine de se refermer et surtout que le dossier a été clos, la justice ayant tranché. En sa qualité d'ancien ministre et de responsable d'une honorable institution, le HCI, il est très bien placé pour savoir qu'il lui est strictement interdit de remettre en cause une décision de justice. Plus grave encore quand il va jusqu'à nommer les assassins du président Boudiaf: «Ce sont ceux qui l'ont ramené qui l'ont assassiné.» Ce n'est pas un secret d'Etat, mais parmi les personnes qui ont contacté Mohamed Boudiaf pour qu'il rentre au pays, figurent l'avocat Me Ali Haroun et le général Khaled Nezzar. Ils étaient tous deux membres du Haut Conseil d'Etat (HCA).Alors qu'il vivait en exil au Maroc, Mohamed Boudiaf a été appelé au pouvoir en janvier 1992 et sera assassiné six mois plus tard, le 29 juin 1992, par Lembarak Boumaârafi, un soldat d'élite. Jugé pour le meurtre du président Boudiaf, Boumaârafi a été condamné à mort. «Il n'a jamais regretté son acte. Il me l'a confirmé il y a quelques mois», a témoigné le psychiatre chargé de faire une expertise sur Boumaârafi. Les deux responsables, le général Nezzar et Me Ali Haroun, viennent d'être désignés à la vindicte par les propos de l'ancien ministre des Affaires religieuses. C'est donc ça le rôle que veut attribuer Bouabdellah Ghlamallah au HCI? On lui prêtait pourtant une autre vocation que celle d'accuser, de calomnier et de diffamer. Définissant les missions du Haut Conseil islamique, la Constitution algérienne dispose que l'institution est «chargée notamment d'encourager l'ijtihad, d'émettre un avis au regard des prescriptions religieuses sur ce qui lui est soumis, et de présenter un rapport périodique d'activité au président de la République».Par ailleurs, on ne peut nous empêcher de contextualiser cette déclaration qui, en effet intervient quelques jours après le 25ème anniversaire de l'arrêt du processus électoral. Qui visait alors M.Ghlamallah? Dans quel registre placer ces propos quand Ghlamellah lui-même critique ouvertement certaines chaînes privées qui donnent la parole à des prêcheurs obscurantistes et qui, selon lui, «éloignent les citoyens du référent religieux algérien»? Ne vient-il, pas de mettre de l'eau dans le moulin des aigris qui ne ratent pas l'occasion pour souiller l'image du pays?