Une réforme aussi efficace soit-elle, si elle ne s'attaque pas au mal de la corruption, ne produira aucun effet sur la société. Indubitablement, en procédant au nettoyage du corps de la justice, le président de la République met le doigt sur une plaie qui constitue la source du mal dont souffre le pays. En effet, après avoir proféré des menaces à l´encontre des magistrats corrompus et corrupteurs, M.Bouteflika passe à l´acte. La suspension d'une quarantaine de magistrats en témoigne. Cela, après les investigations menées par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), présidé par le président de la République, lui-même. Certains de ces magistrats ont fait l´objet de mesures disciplinaires, tandis que d´autres seront radiés. Ces mesures disciplinaires renseignent sur la volonté des plus hautes autorités du pays de mettre un terme aux tares que traîne la justice algérienne. Une réforme aussi efficace soit-elle, si elle ne s'attaque pas au mal de la corruption à la racine, a toutes les chances de ne produire aucun effet probant au sein de la société. C'est, en effet, à travers la promotion du juge honnête que les Algériens reprendront confiance en une institution dont le rôle est capital pour la garantie d'un minimum de justice sociale, elle-même capitale au développement du pays. Cela dit, les pouvoirs publics semblent prendre un maximum de précautions aux fins d'éviter l'émergence d'un climat de suspicion dans le corps de la magistrature. Ainsi, les affirmations de l'inspecteur général au ministère de la Justice quant au caractère moins rigoureux de la récente série de sanctions par rapport à ce qui a été déjà décidé lors de précédentes réunions du Conseil supérieur de la magistrature, témoigne d'une détermination à ne pas faire de ce genre de décisions de simples coups de sommation en direction des courants de corruption au sein de l'institution judiciaire. L'on peut comprendre par là que les dernières décisions ne relèvent ni d'une campagne limitée dans le temps ni une chasse aux sorcières. Cela est apparemment parti pour être une démarche appelée à s'inscrire dans la durée. Le même inspecteur a, à cet effet déclaré que «l´Inspection générale doit veiller à la conduite des magistrats et à leurs compétences professionnelles. Nous nous basons, dans nos rapports, sur la neutralité et la contradiction». Déjà, pas loin que l´année dernière, cette institution a réussi à débusquer, dans les cours et tribunaux, les magistrats qui transgressent les règles de l´éthique et de la réglementation. En ce sens, vingt juges d´instruction sont actuellement sous le coup de mesures de suspension, en attendant le verdict du CSM. Dix autres font l´objet de poursuites pénales et sont laissés en liberté provisoire. Trois juges d´instruction sont en détention préventive pour délits de corruption avérée. Ainsi donc, un vrai nettoyage est en train de se faire dans le secteur de la justice. Un secteur-clé dans la vie de la nation. D´une délicatesse extrême, cette opération ne sera pas menée avec autant de simplicité qu´on le pense. D´ailleurs, ces cinq dernières années, le secteur de la justice connaît des réformes de fond. Un comité interministériel chargé de lutter contre la corruption a été mis en place. Aussi, parmi les grands dossiers de la réforme, on note la révision des codes civil et de procédure pénale ainsi que l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des magistrats.