Personne ne serait plus dur que Donald Trump sur l'Etat islamique Il n'hésitera pas à s'en prendre militairement aux familles des membres de Daesh, car il est partisan de la tactique qui consiste à terroriser les terroristes... De la même manière qu'il promet monts et merveilles aux Américains en matière de plein emploi et de relance économique, le président intronisé hier, Donald Trump, ne manque pas d'ambitions au plan international. Déjà en août dernier, tout auréolé par ses victoires dans cinq Etats américains qui l'ont propulsé en tête du processus de désignation du candidat républicain, avec 991 délégués, il avait dessiné, dans un discours en Floride, sa politique étrangère, une fois installé à la Maison-Blanche. Plus que pour les autres régions, il s'est montré particulièrement disert en ce qui concerne le Moyen-Orient. Au premier plan de ses objectifs, Trump a inscrit la lutte antiterroriste comme priorité absolue. A sa façon habituelle, alors que le monde n'y était encore nullement habitué, il a proclamé urbi et orbi: «J'ai un message simple: les jours de l'Etat islamique sont comptés». Sans se départir de son but fondamental qu'il résume en deux mots, «l'Amérique d'abord», le nouveau président a dit sa détermination à augmenter le budget de la Défense. Cible n° 1 de cette démarche, Daesh, pour l'élimination de laquelle il pense détenir la solution. «L'EI disparaîtra si je suis élu président, et cela, très, très rapidement», avait alors martelé le candidat Donald Trump qui n'hésitait pas à utiliser des expressions triviales pour mieux convaincre son auditoire, traitant les jihadistes de l'Etat islamique de «losers» (perdants), de «dégénérés» et de «thugs» (voyous). Et déjà, à l'époque, il révélait vouloir frapper l'EI uniquement en Irak, pour préserver les sites pétroliers et couper ses sources de financement. Cela revenait à dire qu'il est exclu de s'en prendre à la Syrie et au régime du président Bachar al Assad, allié de la Russie de Vladimir Poutine qui, selon lui, maîtrise parfaitement la situation. Avant l'heure, donc, il se retrouvait sur la même longueur d'onde que la Turquie dont un haut responsable vient de reconnaître à Davos, qu'il n'est pas «réaliste de vouloir la paix» en Syrie, sans le président Bachar al-Assad». Donald Trump considère que l'administration Obama qu'il accuse, en même temps que sa rivale démocrate durant la campagne électroale, Hillary Clinton, d'avoir «mis au monde Daesh», manque de punch dans les offensives contre l'EI. Et de clamer sans sourciller que «personne ne serait plus dur que Donald Trump sur l'Etat islamique, personne!»., même s'il n'a pas daigné donner quelques indices sur la stratégie qu'il compte mettre en oeuvre. «Je trouverai le général Patton ou le général Mac Arthur, je trouverai le bon mec. Je trouverai le mec qui va prendre en main le militaire et le faire vraiment fonctionner», s'est-il contenté de répondre. Mais il a pris le temps d'avouer qu'il n'hésitera pas à s'en prendre militairement aux familles des membres de Daesh, car il est partisan de la tactique qui consiste à terroriser les terroristes. En martelant sans répit ses accusations contre «les fondateurs de l'EI», Trump avait réussi à se dépêtrer des scandales que la presse américaine s'employait à divulguer pour tenter de torpiller son ascension vers la Maison Blanche. Peine perdue. Le tonitruant candidat a cédé la place au président élu et Trump va se pencher sur le «chaos» du Moyen-Orient qu'il a tant reproché au prédécesseur et à l'ancienne secrétaire d'Etat, «cette tordue d'Hillary Clinton». Sur sa table de travail, quatre grands dossiers l'attendent: outre Daesh et la guerre en Irak et en Syrie, où la donne va radicalement changer, dès lors que les Etats-Unis vont abandonner la coalition internationale à ses (amères) illusions pour se concentrer sur la lutte contre l'EI, y compris aux côtés des forces russe, syrienne et iranienne (qui l'eut cru?), il y a le dossier des attaques du 11 septembre dans lequel les Américains veulent demander des comptes au pays d'origine des terroristes, l'Arabie saoudite, celui du nucléaire iranien sur lequel Trump est fortement poussé par le lobby sioniste afin de remettre en cause les clauses de l'accord obtenu par le président sortant Barack Obama et les puissances européennes associées et, enfin, celui de la paix improbable entre la Palestine et Israël qui poursuit, envers et contre tous, sa politique d'expansionnisme sournois, conforté par les promesses de la famille Trump de transférer l'ambassade américaine à El Qods. Une véritable gifle pour le monde musulman et les pays arabes. Se trouvera-t-il dans son staff, où prédominent de prétendus faucons qui risquent fort de s'avérer bientôt des responsables à la hauteur des intérêts exclusifs de leur pays, d'abord et avant Israël, des va-t-en guerre capables de plonger le monde dans des drames à n'en plus finir? Probablement que non. La raison en est fort simple. Trump a une logique implacable même si sa position sur le dossier israélo-palestinien demeure fortement influencée. N'a-t-il pas annulé en décembre sa rencontre avec Netanyahu, alerté par les retombées négatives de ses propos sur les Musulmans interdits d'entrée aux Etats-Unis? Et n'en déplaise à Hillary Clinton et au camp démocrate, il est certain que sa sympathie pour la Russie de Vladimir Poutine va l'amener, pas à pas, à une approche de tous ces dossiers beaucoup plus tempérée et objective.