Aubameyang doit sortir le grand jeu pour sauver son pays «La pression pèse sur tout le monde, pas seulement sur le Gabon», répète son coach espagnol José Antonio Camacho. Sauf que le pays-hôte de la CAN 2017 doit gagner ou mourir aujourd'hui contre le Cameroun pour ne pas tuer l'intérêt de la compétition ni aggraver les blessures d'une petite nation divisée. De fait, le baromètre n'en finit pas de monter sur les bords de l'estuaire à Libreville. Camacho est arrivé en retard samedi devant la presse pour cause de visite du président Ali Bongo Ondimba aux Panthères après l'entraînement matinal. «Le président nous a dit que le peuple s'en remet à nous», a déclaré Camacho, qui découvre l'Afrique et les frontières poreuses entre les enjeux sportifs et politiques, à la veille du match Gabon-Cameroun, intitulé «la victoire ou la mort». «Le président a partagé avec nous l'impression que demain (dimanche, ndlr), c'est un match à quitte ou double. C'est une première finale», a ajouté le gardien et doyen des Panthères Didier Ovono. Du haut de ses quelque 90 sélections en 13 ans, Ovono, 34 ans lundi, est dépêché par la «Fédé» gabonaise pour porter la bonne parole des Panthères, en l'absence du capitaine Pierre-Emerick Aubameyang qui préfère les vertus du silence. «Par rapport à 2012, le contexte politique a miné les conditions de travail», reconnaît Ovono, premier joueur à faire allusion aux violences post-électorales qui ont marqué la réélection d'Ali Bongo en septembre dernier, laissant un petit pays divisé (1,8 million d'habitants). Une partie de l'opposition boude la CAN et les Panthères, même si cela ne se voit pas au stade de l'Amitié (40.000 places), à peu près plein contre la Guinée-Bissau et le Burkina Faso. «Nous sommes conscients qu'en gagnant demain, nous pouvons ramener un peu de joie dans le coeur des Gabonais», a ajouté Ovono. Gagner ou devenir le premier pays-hôte à ne pas passer le premier tour depuis 23 ans: le Gabon (deux points) n'a en effet pas d'autres choix face au Cameroun (quatre points) qui, lui, a besoin d'un match nul pour décrocher son billet pour les quarts. «En 2012, on avait des joueurs plus âgés. Là, nous avons des joueurs qui découvrent la compétition. Au premier match, on a tâtonné. On est encore en train de montrer en puissance», assure Ovono. Pour marquer un but de plus que l'adversaire, le Gabon peut compter sur son duo «Auba-Bouanga». Souvent sevré de ballons, la star du Borussia Dortmund monopolise l'attention permanente d'un ou deux défenseurs adversaires, laissant de l'espace pour le jeune joueur de Tours (2e div. française) Denis Bouanga. Homme du match contre le Burkina Faso, auteur d'une frappe sur la transversale, le Franco-Gabonais, âgé de 22 ans, découvre pour la première fois le pays de son père où il dispose d'une superbe vitrine pour améliorer ses prochains contrats professionnels. Pour le reste, le Gabon sera privé de Mario Lemina (Juventus Turin), déjà rentré en Italie se faire soigner, et de Johan Obiang (Troyes/2e div. française), sorti en cours de jeu contre le Burkina. Le Gabon avait battu le Cameroun il y a sept ans en Angola (1-0) sur un but de Daniel Cousin, désormais manager général des Panthères. «Le football, ce n'est pas l'histoire. L'histoire, c'est le présent», balaie Ovono. «Une panthère blessée peut être très dangereuse», conclut-il. Et un journaliste camerounais de lui demander: «Même devant un lion?».