L'Etat a brandi l'arme de la légalité pour faire cesser des grèves. La première année du deuxième mandat du président de la République n'a pas été de tout repos sur le plan social. Plusieurs événements ont marqué le front social à commencer par les débrayages, les menaces de grève et les tensions qui n'ont, pour ainsi dire, épargné aucun secteur. Ainsi, plusieurs syndicats affiliés ou non à l'unique partenaire social reconnu par l'Etat, en l'occurrence l'Ugta, ont exprimé leur «mal vie» en ayant recours à des actions de protestation parfois, jugées par l'opinion, extrémistes. Ainsi, les actions menées par les syndicats autonomes de l'éducation et de la santé ont à plusieurs reprises opté pour la prise en otage des élèves et des malades pour arriver à leurs fins à savoir la satisfaction de leurs revendications lesquelles sont relatives à leur situation socioprofessionnelle. A vrai dire, selon certains observateurs ces montées au créneau des travailleurs étaient prévisibles dans une société qui vit des mutations profondes dans différents domaines, notamment social, politique et économique. En fait, les différents chantiers ouverts par l'Etat ont paradoxalement attisé les revendications de pans entiers de la société qui ont bruyamment exprimé leurs attentes. Ainsi, la première année du second mandat de Bouteflika a-t-elle été émaillée d'importants mouvements sociaux, symbole d'une dynamique citoyenne qui se met en place. Peut-être anarchiquement, mais elle progresse dans le sens d'une émergence d'une véritable société civile vivante et revendicatrice. Dans le bras de fer Etat-syndicats autonomes, il y a lieu de relever l'approche des pouvoirs publics qui ont privilégié le dialogue, puis le recours à la justice pour trancher sur la légalité ou pas des actions menées par les travailleurs. C'est là un comportement civique, voire novateur de l'Etat dans ses rapports à la société. Faut-il rappeler à cet effet qu'il n'y a pas eu de répression physique à l'encontre des grévistes. L'Etat a brandi l'arme de la légalité pour faire cesser des grèves, ce qui en soi, est une pratique courante dans de nombreux pays à démocratie avancée. Cela dit, les mouvements de protestation des travailleurs ont constitué un contrepoids salutaire au pouvoir qui a, disons-le, consenti de nombreuses augmentations salariales en 2004. En fait, le chef de l'Etat a eu à gérer pour la première année de son second mandat l'émergence d'une nouvelle race de syndicalistes, décidés à ne pas se laisser faire. Cela dit, la pression se fait de moins en moins pesante sur le front social. Et pour preuve, les statistiques fournies par le ministère du Travail, les débrayages et les arrêts de travail parlent d'une régression en passant de 292 grèves en 1997 à 45 en 2004. Cet état de fait est relativisé selon le ministre du Travail, M.Louh, au fait que l'Etat a pris en charge les revendications des travailleurs, particulièrement celles relatives à la question salariale laquelle est considérée comme la principale cause du déclenchement des grèves. Il est vrai que nul ne saurait contester ces hausses des salaires qui ont concerné particulièrement les secteurs de la santé et de l'éducation qui, faut-il le dire, avaient été rendues possibles par la bipartite tenue en août 2003. L'embellie financière que connaît actuellement le pays et qui se traduit par les réserves de change qui ont atteint 44 milliards de dollars, la baisse du ratio de la dette estimé à 15% contre 21% en 2002 ainsi que la baisse de l'encours de la dette qui passe de 23,2 milliards de dollars en 2003 à environ 20 milliards ont permis au gouvernement de répondre favorablement à certaines revendications à caractère salarial. Néanmoins, les tensions sociales qui, visiblement sont de moindre intensité par rapport aux années précédentes persistent toujours. Le gouvernement Ouyahia n'est pas encore en mesure d'assurer une couverture sociale décente à tous. Les augmentations opérées récemment sur les prix des principaux produits ne vont pas faciliter l'existence aux citoyens en dépit du fait, indiquent les experts, que ces révisions des prix s'imposent du fait de la mondialisation. Toutefois, le citoyen reste confiant quant à d'éventuelles révisions des grilles des salaires surtout avec l'installation à l'issue de la tripartite, d'une commission ad hoc qui s'occupe de la révision de l'article 87 bis.