Il est question de la signature entre les deux pays du fameux Traité d'amitié. L'action diplomatique du chef de l'Etat a été notamment dirigée dans le sens d'un rapprochement avec l'ancien colonisateur, mais sur de nouvelles bases, ce que la diplomatie algérienne qualifie de «refondation des relations entre les deux Etats». Longtemps confinés dans le registre de la passion, les rapports entre Alger et Paris ont considérablement gagné en maturité depuis l'arrivée de Bouteflika à la tête de la République. L'ancienne colonie française, l'Algérie est désormais vue, par les hommes politiques français, comme un partenaire incontournable dans la région. Aussi, est-il aisé de constater qu'entre 1999 et 2005, les relations algéro-françaises ont connu une évolution dans le bon sens d'une importance telle que les concepts de «rapprochement» et de partenariat prennent toute leur dimension. Entre Alger et Paris, les contacts sont non seulement réguliers, mais également intenses. De part et d'autre, les déplacements des officiels algériens en France, ou bien ceux de l'Hexagone en Algérie, ont perdu toute charge passionnelle et revêtent un caractère plutôt amical, du fait du réchauffement évident des relations bilatérales entre les deux pays. Et, c'est dans ce contexte que s'inscrit la récente visite de Bouteflika à Paris pour prendre part à la Conférence internationale sur la promotion du dialogue entre les civilisations et interculturel organisée par l'Unesco. Les efforts consentis par le président Bouteflika en vue d'un rapprochement entre l'Algérie et la France remontent, est-il besoin de le rappeler, au temps de sa première mandature à la tête de l'Etat. Ces mêmes efforts ont été mis en valeur, rappelons-le encore, par le chef de l'Etat français lors de sa visite officielle effectuée dans notre pays en mars 2003. «Je salue le courage et la détermination du président Bouteflika pour ses efforts visant la refondation des relations entre nos deux pays», devait dire en substance le président Jacques Chirac à l'occasion d'un dîner officiel offert en son honneur par son homologue algérien. Et d'ajouter: «L'histoire liant les deux pays est gravée dans la mémoire de nos peuples (...). Elle fut heurtée, parfois cruelle, tragique et douloureuse. Plus de quarante ans se sont écoulés, le temps est venu, avec l'amitié et la confiance retrouvées, de regarder l'avenir avec sérénité.» Pour sa part, le président algérien a relevé, en cette même occasion citée plus haut, l'évolution positive des échanges commerciaux entre les deux pays et a salué les efforts «consentis dans le domaine de l'éligibilité de l'Algérie au fonds de solidarité prioritaire et en investissements». Il est question de la signature entre les deux pays du fameux Traité d'amitié, à maintes fois évoqué de part et d'autre. Il est question aussi de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), tant attendue d'ailleurs, lors de la tenue en novembre 2004 du 10e Sommet de l'OIF. Chose qui n'a pas eu lieu, et ce, malgré la profonde mutation entreprise par l'OIF, ces dernières années, et qui l'ont débarrassée de toute connotation paternaliste. En un mot, il semble qu'Alger préfère temporiser pour mieux négocier une adhésion, de plus en plus souhaitée outre-Méditerranée. L'attitude algérienne participe d'une stratégie de rentabilisation de tout acte politique, et ce n'est là qu'une traduction des efforts consentis par Bouteflika au lendemain de sa réélection à la tête du pays en vue de replacer l'Algérie dans une dynamique internationale.