L'opposition syrienne ira à Moscou «Nous les informerons de ce qui s'est passé à Astana et de notre vision du développement positif du processus d'Astana, à l'avenir», a ajouté Sergueï Lavrov devant les députés russes, selon des propos retransmis à la télévision. Des représentants de l'opposition syrienne vont rencontrer demain à Moscou le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a procédé à cette annonce devant la Douma: «Nous avons invité, a-t-il dit, tous les opposants qui souhaitent venir, l'opposition politique, mais non pas les représentants rebelles ayant participé aux pourparlers de paix d'Astana.» «Nous les informerons de ce qui s'est passé à Astana et de notre vision du développement positif du processus d'Astana à l'avenir», a ajouté Sergueï Lavrov devant les députés russes, selon des propos retransmis à la télévision. Le but de la rencontre sera de «partager nos impressions sur les discussions d'Astana», a par ailleurs indiqué une autre source au sein du ministère russe des Affaires étrangères, qualifiant de «grand succès, d'immense pas en avant (...) qu'il faut confirmer» les pourparlers de paix de lundi et mardi dans la capitale kazakhe. Tout en affirmant n'avoir reçu aucune invitation à se rendre à Moscou, plusieurs dirigeants des groupes rebelles ont fait offre de candidature, se disant prêts à se rendre sans conditions à la réunion si Lavrov les y convie. Par contre, un des membres de la délégation rebelle à Astana, Fares Bayouche, a tenu à souligner que «le problème n'est pas l'invitation, c'est le sujet de la discussion. Si c'est sérieux et qu'on discutera d'un problème national, nous pouvons aller au bout du monde». Les rebelles armés n'ont jamais été reçus à Moscou, encore moins ceux qui agissent dans des zones sous contrôle, contrairement aux représentants de l'opposition politique. Mais enhardis par les discussions d'Astana, ils tentent un forcing alors que les pourparlers dans la capitale du Kazakhstan se sont achevés sans aucun progrès tangible, si ce n'est de vagues engagements sur une consolidation du cessez-le-feu. Le fait même que les rebelles aient refusé des discussions directes avec la délégation gouvernementale syrienne et qu'ils n'aient pas signé la déclaration finale montre clairement que le chemin de la paix reste parsemé de nombreuses embûches. Les regards se sont dès lors tournés vers Genève où, le 8 février prochain, ce sera autour des politiques de «négocier», mais là encore rien ne dit que les groupes armés accepteront de se décharger de leurs «prérogatives» sur des représentants qui n'auront pas les pleins pouvoirs pour progresser dans la voie du dialogue politique. La Russie, un des trois parrains du processus en cours avec l'Iran et la Turquie, procède à un forcing pour tenter de consolider un cessez-le-feu dont la précarité est tributaire des combats qui se déroulent à Wadi Barada, Homs et dans d'autres localités. En adressant un projet de Constitution à l'opposition afin qu'elle l'examine, l'enrichisse et s'y engage, sous réserve d'un aval du gouvernement syrien pour les propositions qu'elle pourrait présenter, Moscou explore toutes les pistes susceptibles de favoriser la paix définitive, et non plus la consolidation d'un cessez-le-feu que plusieurs groupes rebelles critiquent avec plus ou moins de virulence et ne cachent guère leur intention de le dynamiter. Le président Bachar al Assad a fait montre de disponibilité en appelant, pour sa part, les mouvements rebelles à «déposer les armes» et à participer aux pourparlers aussi bien d'Astana que de Genève afin de rétablir un climat de concorde, sinon de réconciliation. Bien sûr, il a réitéré sa position face aux groupes terroristes de Daesh et de Fateh al Cham, ex-front al Nosra inféodé à Al Qaïda qui sont totalement exclus du processus. Une invite évidemment demeurée sans réponse. La situation est encore instable et les combats qui se déroulent entre l'armée syrienne et l'Etat islamique à Deir Ezzor, faisant des dizaines de victimes chaque jour, font passer au second plan les calculs des groupes rebelles qui tentent de préserver coûte que coûte les dernières positions autres que celles d'Idleb, dont l'importance est cruciale pour leur avenir aussi bien sur le terrain militaire que politique.